Je comprends pas ce qui se passe dans ma tête...
10 mai 2025
Question (2010)
Je voulais vous écrire parce que je ne comprends ce qui se passe dans ma tête, et plus directement : j’ai plus trop envie de vivre.
Enfin… je ne sais pas justement. Quand je suis en cours, je suis joyeuse, je rigole, et je n’ai l’impression de cacher quoi que ce soit, à part bien sûr une mauvaise estime de soi, mais ça j’ai l’habitude.
Mais quand je rentre chez moi, ou que je me retrouve seule, ça me prend comme ça : je me dégoûte, j’ai juste envie de dormir, tout me déchire, je me déteste, je déteste le monde qui m’entoure, je me dis que j’arriverai à rien et que… j’ai trop la flemme de continuer, j’ai même pas envie de faire ce qui me plaît d’habitude. J’ai juste envie de “turn off”.
Pourtant… je ne peux pas affirmer que j’ai des envies suicidaires… je ne me retiens pas de me jeter par la fenêtre ou de me jeter sous le bus, je ne me retiens pas de m’ouvrir les veines, j’ai juste des “idées”. Je veux juste m’éteindre tranquillement sans que ça ne gêne personne. Mais bon… je broie du noir quand je suis chez moi… alors pourquoi je suis toute guillerette quand je suis avec mes amis ?
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de petite voix dans ma tête qui se manifeste de temps en temps pour pas que je l’oublie, mais je rigole… je souris… je blague… je passe de bons moments avec mes amis…c’est quoi mon problème ? C’est ça une “dépression souriante” ? C’est ça que je vis ? Je veux savoir ce qui se passe dans ma tête… parce que c’est rassurant de coller une étiquette sur l’état de sa santé mentale.
Et puis tout ça, je ne peux en parler à personne. Enfin, j’ai personne à qui en parler. À moins que je demande à mon anniversaire “euh Papa tu pourrais m’offrir une séance chez le psy stp ?”… bof bof quoi. Ou alors, je vais pas voir mon meilleur pote et lui dire “euh ouais en fait j’en ai marre de la vie, je me déteste, tu m’accompagnes pour mon euthanasie ?” J’exagère mais vraiment pour moi… c’est pas facile.
C’est facile pour personne je sais… mais j’ai l’impression d’être seule. Je me sens seule. Seule avec moi même, avec mon dégoût de moi-même, avec mes peurs et mes angoisses, avec mes émotions qui se croient dans des montagnes russes au parc d’attractions, bref.
Ce qui est compliqué aussi, c’est que je ne peux pas m’empêcher de me comparer aux autres. Bon déjà, je déteste mon corps, donc pour se comparer aux autres filles, c’est la fête, mais en plus j’ai une hygiène de vie déplorable, ça fait un an que je scrolle sur les réseaux et que je dors à des heures pas possibles et c’est tout. Pourtant moi je suis (enfin j’étais visiblement) une fille qui adore les bouquins, qui adore dessiner, qui adore les travaux manuels, enfin bref, une fille cultivée et douée à l’école, mais maintenant… ben c’est plus le cas.
J’arrive plus à lire, j’arrive pas à faire autre chose : mon téléphone m’appelle et voilà, je me retrouve à regarder des belles filles et des chats mignons sur Instagram.
Ça me dégoûte mais à un point… Et je n’arrive pas à changer, enfin en tout cas je suis trop faible pour ça. Je sais, dire ça c’est se tirer vers le fond et l’échec, mais je n’y arrive pas. Je me sens seule… et le pire c’est que je ne le suis pas, j’ai une mère présente, à l’écoute et aimante, j’ai pleins d’amis en or, voilà. Je me déteste. Je n’en peux plus.
Et aussi, je me compare aux problèmes des autres. Je me dis toujours “quelle égoïste tu es, regarde, il y en a un qui n’a plus de père, y’en a une qui a une relation tendue avec sa mère… “ Y’a des gens qui souffrent plus que moi, je n’ai rien de spécial, plein de gens vivent la même chose et ils se plaignent pas…etc… etc…
Tout ce qui se passe dans le monde… ça m’aide pas non plus. Moi qui étais une enfant qui voulait voyager, rencontrer des gens, lutter contre le racisme, l’homophobie, le sexisme, le colonialisme, le capitalisme, et ben maintenant je n’ai plus envie. J’ai toujours mes idées bien évidemment, j’ai toujours un avis très engagé sur les choses, mais le monde part tellement en live que j’ai juste plus envie. Dès que j’ouvre le journal en ligne, hop! une nouvelle guerre, des morts, des morts, de la haine, encore de la haine… ça donne vraiment pas envie. La situation de notre monde me fait chialer. Ça me fait peur, ça me fait mal… très mal. Mais ça, je sais que je suis loin d’être la seule, malheureusement on peut rien faire. Je suis juste une ado de 15 ans… je ne peux rien faire.
Aussi, j’ai voulu passer un concours pour intégrer un cursus spécial en danse, et ben je l’ai raté voilà. Je vais retenter l’année prochaine, mais ça m’aide pas à m’aimer.
Enfin bon… je suis désolée pour ce texte un peu décousu
Merci pour votre écoute
Réponse
Ce que tu nous partages est très douloureux pour toi. Ce n'est pas un "texte décousu" mais bien un cri du cœur, profond et sincère. Tu es très objective sur tes difficultés et ton envie de changement se sent. Nous sommes désolé·e·s de lire que tu traverses une période difficile et qui t'amène beaucoup de confusion.
Il n'est pas rare de se sentir seul·e même en étant bien entouré·e. Tu peux, à la fois, être sincèrement heureuse avec ton entourage et ressentir de la solitude et de la lassitude quand tu es seule. Néanmoins, ce décalage peut être épuisant à vivre. Et il est le signe d'une grande souffrance qu'il ne faut pas ignorer. D'ailleurs, tu mentionnes des idées noires. Ce sont des pensées qui sont le signe d'une souffrance psychique. Ce n'est pas de ta faute, tu n'es pas égoïste et tu ne fais rien de faux. Il n'y a pas de hiérarchie des souffrances. On peut se sentir très mal même si d'autres personnes vivent des choses difficiles. Les deux ne sont pas en lien.
En te lisant, nous avons l'impression que ton envie serait de pouvoir consulter un·e psy. Il peut être rassurant d'avoir des mots pour parler de ses difficultés, pour comprendre, avoir des explications et pour envisager la suite. Il ne nous est pas possible de poser un diagnostic puisqu'il est indispensable d'avoir un suivi.
Le fait de devoir en parler à tes parents semble être un frein. Ta santé, qu'elle soit physique ou mentale, est importante. Tes parents seront très certainement content·e·s que tu les sollicites quand tu ne vas pas bien. Tu mentionnes d'ailleurs que tu as une bonne relation avec ta maman. Que penses-tu de lui en parler ? Tu n'es pas obligée de lui dire ce que tu ressens exactement aujourd'hui mais simplement que tu as besoin d'un soutien extérieur. Si tu passes par le biais de ton ou ta médecin traitant·e, il est possible d'avoir un suivi psychologique couvert par l'assurance si l'argent est frein également. Tu peux d'ailleurs discuter seul·e à seul·e avec ton ou ta médecin si tu préfères. Il semble utile que tu puisses être accompagné·e vers un mieux-être. Tu mérites d'aller bien et d'être aidée. Nous te soutenons et t'encourageons dans cette démarche.
Dans l'intervalle, que penses-tu de mettre en place quelques tout petits gestes pour t'aider dans ton quotidien ? Tu pourrais, par exemple, définir un temps limite d'utilisation des réseaux sociaux. Cela pourrait t'aider dans ton hygiène de sommeil et sur le thème de la comparaison. À ce propos, nous te rappelons que ce qui est posté sur les réseaux n'est que la meilleure version (pas toujours fidèle à la réalité, d'ailleurs) de ces personnes. Ce que tu vis est répandu. Tu es peut-être "prise au piège" par l'algorithme et tu es comme aspirée par l'écran au détriment d'activités qui te font du bien. Tu n'es pas faible, c'est précisément le fonctionnement de ces applis. Qui tu es, ce que tu aimes, tes ambitions et tes envies sont toujours là et il est possible de les retrouver.
Nous comprenons ton sentiment de dépit face à la dureté du monde. Ta sensibilité face à l'injustice peut être difficile à vivre. Pourtant, ce sont les gens comme toi, avec tes idées et ton engagement, qui peuvent être moteur de changement. À ton âge, c'est bien sûr difficile de pouvoir agir concrètement. Mais tu n'es pas impuissante. Et en prenant soin de toi d'abord, tu pourras ensuite agir à ton niveau.
Ainsi, nous t'encourageons à parler de ton mal-être avec ta maman. Elle saura te soutenir. Ne pas rester seul·e avec ce que tu vis te permettra d'aller mieux. D'autres personnes comprennent ce que tu traverses et peuvent t'aider. Nous sommes bien sûr là pour toi et te soutenons. Tu peux nous écrire dès que tu en ressens le besoin.
Nous te souhaitons le meilleur,
L'équipe ciao.ch
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