Question (Fille / 2004)

Bonjour,
Je suis une fille, chrétienne (j'aimerais une réponse aussi musulmane car j'ai des amies dans mon cas dans l'islam) et je me pense être bi/pan. La question que je me pose peut aussi bien être dans cette catégorie que dans celle de la sexualité mais voilà. Je sais qu'une question assez similaire à été posée mais celle-là est plus approfondie :

Être homosexuelle dans la religion, n'est-ce pas l'amour qui est interdit mais la relation sexuelle ?

Car le Seigneur prône l'amour et nous accepte comme on est avant tout. Je n'ai pas choisi d'être bi, c'est mon cœur avant tout qui l'a décidé. Alors je sais qu'il ne m'en voudra pas pour ça mais ce qui me tracasse c'est la relation sexuelle.

La relation sexuelle homosexuelle, est vue comme contre nature et je suis assez d'accord, c'est vrai que le Seigneur nous a destiné comme ça, à nous accoupler avec le sexe opposé.

Mais comment faire alors, car c'est difficile d'aimer une personne sans finir par lui dévouer un amour physique entier, les câlins c'est bien mais c'est pas assez. Je ne parle pas de plaisir ici haha, mais vraiment d'amour, faire l'amour.
Comment me dévouer physiquement à elle sans que ce soit vu comme une abomination ?

Avant chaque décision, je pense d'abord à Dieu et ce problème ne m'a pas vraiment aidé à m'approuver comme bi. C'est à cause de ça que je ne veux pas trop m'affirmer pour l'instant. Si cela gène Dieu alors j'éviterais.

Désolé si cela a été long mais merci d'avance d'avoir répondu à ma question !

Réponse

Tu te demandes si ton orientation sexuelle est compatible avec la religion chrétienne et la religion musulmane. Tu te demandes si Dieu n’approuve pas toutes les sexualités car tu les relies à l'amour que tu peux partager comme l'aboutissement d'une vraie relation amoureuse.

Les religions ont beaucoup de réserves vis-à-vis des pratiques sexuelles qui ne sont pas hétérosexuelles car une des conséquences de la sexualité est la procréation naturelle : l'enfant. On parle parfois de sexualité "dans le plan de Dieu" car ouverte à la vie à naître. C'est pourquoi l'avortement et, souvent, la contraception sont aussi mal vues car elles "empêchent" la vie - donc Dieu - de faire son œuvre. Tout cela est admis bien entendu uniquement si c'est vécu dans un couple stable et marié pour toute la vie. Cette définition est largement partagée par plusieurs religions qui ont balisé en quelque sorte un chemin pour guider leurs fidèles et éviter des comportements problématiques dans la communauté traditionnnelle (enfant né hors mariage, etc.)

Ceci dit, tu le comprends bien, cette vision idéalisée de la sexualité, de la procréation et du mariage ne peut pas être appliquée parfaitement par toutes et tous, et même par personne, si on y réfléchit bien. Heureusement, les religions affirment aussi que Dieu est miséricorde et qu’il ne se lasse pas de nous relever même lorsque nous tombons. De plus, beaucoup de personnes qui pratiquent leur foi se distancent du discours officiel en fonction des avancées liées aux sciences humaines depuis le début du XXe siècle et de ce que leur conscience les invite à vivre malgré les interdits. Cette obéissance à sa propre conscience – éclairée et formée – est d’ailleurs encouragée dans les religions. Pour ce faire, un accompagnement personnel par une personne compétente est recommandé.

Comme tu le dis bien, on sait aujourd'hui que personne ne choisit d'être homo, hétéro ou bi ; mais par rapport au rythme des religions millénaires, c'est une découverte très récente dans l'histoire. Le pape François, des évêques et beaucoup de responsables d'Eglises protestantes recommandent déjà d'accueillir les personnes telles qu'elles sont en attendant de trouver une révolution nouvelle au dogme exprimé ci-dessus (sexe=mariage=enfant), ceci afin que toutes les personnes se sentent "prévues dans le plan de Dieu", car personne ne doit s'en sentir exclu.e. Il y a certainement aussi des communauté musulmanes où le même discours d'accueil de l'autre est appliqué. 

L'essentiel, c'est de trouver un chemin où la foi et la vie affective peuvent être possible et vécues ensemble. Je t'invite donc à réfléchir à ceci : l'amour vient de Dieu et la sexualité aussi. Elle n'est pas une abomination en soi. Mais elle peut le devenir si on se sert de l'autre pour satisfaire sa propre jouissance au lieu de lui donner son corps en cadeau. Etre attirée par les hommes et les femmes n’est pas un problème en soi, mais cela peut le devenir au moment de choisir un partenaire qui ne sera pas l’un et l’autre. Plus tard, tu te demanderas peut-être avec qui tu veux vivre en couple, fonder une famille, etc. Ce n’est plus seulement une question de sexualité mais de projet de vie.

Nous espérons avoir répondu à ta question et t’invitons à ne pas hésiter à revenir sur ciao.ch !

Dernière modification le 13 avril 2021

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