Question (Fille / 2003)

Bonjour. J'ai été victime d'harcelement scolaire moral en 3eme pendant 7 mois. Actuellement je suis en classe de 2nde. J'ai fait une petite dépression pendant les grandes vacances. Je me suis même pas rendu compte que j'en faisais une, j'y suis rentrée très progressivement ( 2 mois ).

J'ai décidé via Facebook de contacter une ancienne prof avec qui je m'entends bien. Après 1 mois de discussion, elle a appelé mes parents et j'ai alors commencé à consulter une psychologue. Voilà maintenant 2 mois que j'y vais régulièrement sauf que j'ai beaucoup de mal à parler et surtout à m'ouvrir dans ma nouvelle classe, le reste donc souvent toute seule.

Suite à nouveau chamboulements, ça fait 1 mois que j'ai replongé.
Ça fait 1 mois que je commence de plus en plus à vouloir me mutiler voulant arrêter d'y penser. Paniqué d'y penser en classe, j'en ais vite parler à ma mère au lycée ( par message ). Elle a avancé mon rdv d'un jour, c'était hier soir.

J'ai également depuis 5 mois ( depuis les vacances ) de forts troubles du sommeil ( je dors 2-5h mardi nuit ), je me réveille la nuit.

Ma psy ma dit d'écrire sur mes émotions...je suis assez septique sur cette "pratique".
Hier soir je me suis réveillée à 1h du matin, ça tourner beaucoup dans ma tête et vers 2h du matin j'ai craqué et je me suis coupée sur le bras au niveau du coude ( face externe), j'ai saigné. Je sais que c'est pas bien mais j'arrive pas à arrêter alors que je l'ai fait qu'une fois, j'ai déjà envie de le faire une deuxième fois.

Je pratique le tennis depuis mes 7 ans, la guitare classique depuis la 5eme, j'y vais toute les semaines.

Avez vous des conseils sur le moment ou/et sur la durée pour m'aidez à arrêter l'automutilation ?

Merci d'avoir lu

Réponse

Ce que tu racontes montre que tu as subi de graves violences qui provenaient de l'extérieur. Chacun de ces actes violents, a probablement opéré comme un petit traumatisme.

Le fait de ne pas pouvoir fuir cette situation, de devoir continuer à subir les actes et les paroles violentes durant ces mois de harcèlement ont fait qu'à la fin le traumatisme est devenu grand et c'est cela que tu soignes avec ta psy.

Nous sommes soulagés et heureux pour toi que tu puisses traiter ces aspects avec une professionnelle car tous les symptômes que tu décris sont des symptômes typiques chez les personnes ayant subi des violences. Et nous te félicitions vraiment d'avoir réussi à parler à une adulte pour faire en sorte que la situation s'arrête.

Dans les situations de harcèlement, la personne victime voit souvent sa confiance en soi se dégrader, son estime de soi également. Nous t'encourageons par conséquent à vraiment les renforcer, par tous les moyens possibles par ce que cela va t'aider pour tout. Ce que tu fais chez ta psy y participe et tu peux aussi aller sur ciao dans l'onglet estime de soi pour trouver des idées de ce que tu pourrais faire en plus de ton côté.

Ce que te propose ta psy, noter tes émotions, est une bonne technique. Cela permet de les mettre à l'extérieur de toi. Les violences que tu as subies sont venues de l'extérieur, les émotions qu'elles ont provoqué chez toi sont restées et ce sont ces émotions là qui te font souffrir. C'est comme si maintenant elles avaient acquis une vie propre à l'intérieur de toi. il est important de les reconnaître quand elles viennent te faire souffrir, pour pouvoir les mettre à nouveau au dehors de toi.

Écrire tes émotions est une très bonne méthode pour le faire. Tu pourrais écrire sous différentes formes: un texte, un poème, un journal intime, ... En les écrivant il ne faut pas penser à l'orthographe ni à la grammaire ou à d'autres choses qu'on apprend à l'école, mais juste écrire. Ensuite tu pourrais relire avec ta psy et parler à partir de tes écrits. il est en effet important de pouvoir ensuite mettre des mots pour expliciter ce que tu ressens. C'est une seconde étape.

Si tu préfères, tu pourrais faire la même chose avec du dessin ou de la peinture, ou une autre technique artistique.

Puisque tu joues de la guitare, tu pourrais écrire un texte que tu mettrais en musique ensuite et qui parle de ce que tu ressens. Tu pourrais utiliser des métaphores. La musique est merveilleuse pour cela. D'ailleurs, le fait d’interpréter des pièces est aussi un moyen d'extérioriser nos émotions. 

Les artistes créent depuis leurs blessures, c'est aussi une manière de prendre soin de soi et qui permet ensuite d'aller vers les autres avec sa production.

Ces techniques te permettront de métaboliser ces émotions, de les digérer pour t'en libérer. 

Par ailleurs, le fait que tu pratiques le tennis est aussi quelque chose qui doit t'aider beaucoup et nous t'encourageons à continuer car c'est une activité qui met ton corps en jeu dans des mouvements qui te font du bien, te permettent de voir que tu progresses et aussi de te défouler!

En ce qui concerne l'automutilation, nous ne pouvons que te soutenir dans la résistance à ne pas le faire, même si c'est difficile. Nous te proposons une image en espérant qu’elle puisse t'aider.

Quand ces idées te viennent il est possible que tu sentes que c'est comme si tu avais à l'intérieur de toi une force contre laquelle tu dois lutter, cela provoque une tension extrême et au moment où tu le fais il y a comme un soulagement, mais qui ne dure pas. Du coup la tension revient, etc.

C'est le même mécanisme que lorsque l'on prend une drogue. La décharge de la tension et le soulagement vient aussi de ce qu'il se passe dans le cerveau à ce moment là.

Tu pourrais imaginer que cette violence que tu as envie de t'infliger est comme un ouragan, imagine un bel arbre contre lequel tu peux t'accrocher et laisse passer l'ouragan. Même si c'est difficile, même si c'est douloureux. Tu verras qu'au fur et à mesure tu vas réussir à être complètement plus forte qu'elle et qu'à un certain moment elle ne se manifestera plus.

En classe, imagine que tu es appuyée contre l'arbre et concentre toi sur les paroles de l'enseignant·e. Tu peux aussi chasser ces idées (va-t-en)!) comme si c'était un être pas bienvenu.

Tu as mis en œuvre beaucoup de choses, tu es sur le bon chemin, mais il n'est pas toujours tout droit, ni tout plat ;-)

Nous sommes confiants dans tes capacités à sortir de cette phase.

A bientôt sur ciao,

Dernière modification le 25 novembre 2018

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Avec le soutien financier de la Confédération, en vertu de l'ordonnance sur des mesures de protection des enfants et des jeunes et sur le renforcement des droits de l'enfant.

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