Question (Fille / 2011)

Bonjour,
Je vous écris aujourd'hui pour un sujet qui me dérange depuis bientôt une semaine.
Après une petite engueulade avec ma mère, chose assez habituelle, elle est de suite partie vers les sujets sensibles "arrête de faire ta victime tu donnes vraiment envie de te baffer, tu me donnes vraiment envie de t'en coller une".
Ma mère qui ne m'a jamais vraiment levé la main, a parfois pour habitude de me sortir ce genre de phrases qui ne me font évidemment pas chaud au cœur.

Elle m'a aussi rapidement dit avoir trouvé quelque chose dans ma chambre lorsqu'elle cherchais une chose totalement autre a la base.
C'était de vieilles lettres d'adieu qui doivent dater de décembre ou bien encore décembre précédant que j'ignore encore pourquoi je les ai gardées.
Elle m'a par la suite demandé c'était quoi l'histoire des cuisses, la chose a savoir c'est qu'elle a déjà remarqué des traces de scarification deux fois, sur mes mains la première et mes bras la deuxième.

Je lui ai donc montré mes cuisses, qui étaient belle et bien elles aussi mutilées s'il y a une semaine puis une autre conversation a débuté.
"T'as un grain, tu devrais aller a l'hôpital avec les fous, peut-être pas ce soir mais la question de pose vraiment, t'es pas bien dans ta tête, tu fais que des conneries, fais pas genre t'as ded problèmes car la seule personne qui a des problèmes ici c'est moi a devoir gérer ça.
Fais pas mine d'avoir une vie horrible, tu fais tout le temps ta princesse"....

On m'a également dit que ma chambre (située a la cave depuis mon anniversaire puisqu'elle est plus grande) allait potentiellement revenir en haut, encore une fois sous prétexte que je fais trop de conneries.
On me sanctionne de mon intimité et limite de ma liberté :
Je peux aller dans ma chambre uniquement pour dormir, le matin on me réveille justement pour ne pas rester dans ma chambre,
Je dois rester dans le salon sauf si je sors, et encore faut il que je sorte,
Si je veux appeler qui que se soit je ne peux même pas aller a la terrasse sous prétexte que j'ai des choses a cacher.

Une autre chose ridicule est que,
Je suis une personne plutôt réglée, je vais aux toilettes deux fois par jour, le matin et le soir, le soir juste après manger.
J'ai eu le malheur d'y aller une fois avant et après manger, ce qui a fait que je sois sois disant suspecte, qu'encore une fois je cache des choses et encore l'excuse des conneries, on me demande donc d'aller aux toilettes la porte ouverte (on ne m'a pas redemandé d'ouvrir la porte quand je suis allée aux toilettes le jour suivant mais ça reste ridicule).

Au sujet des marques de scarification, on m'a mis au clair que cet été, a la plage, on allait m'obliger a ne pas mettre de short et de montrer a tout le monde.
Aujourd'hui encore on va au lac j'ose espérer qu'elle ne me le demandera pas, pas par honte ou quoi que se soit, je trouve moche de m'obliger a faire quoi que se soit dans ce contexte.

Elle a aussi dit qu'elle prendrait mes cuisses en photo, j'imagine que pour contrôler que rien ne se rajoute, ce qui ne risque pas d'arriver parce que ÇA ALLAIT MIEUX.
Mais bon, je suis "une enfant a problème avec un grain"..
Cette semaine me paraît trop longue, je passe mes journées au salon a ne rien faire, si j'ai mon téléphone je dois le lâcher pour regardé la télé, c'est con, ya aucune différence a la fin.

Plus les heures passent plus je veux partir d'ici, j'etouffe, j'ai même hésité a demander a mon père si je pouvais passer le weekend chez lui même si ça allait être la même seulement que je devrais garder mes petits frères..
C'est quand même un bon niveau si jai hésité puisque pour mon père, j'ai eu des psy, des kiné et d'autres gens encore, on a vu des juges pour que ma mère aie ma garde juste parce que c'était malaisant chez lui.
Maintenant c'est chez ma mère que je me sens mal, le dernier jour de cours de cette semaine, j'étais en pleure toute la dernière heure de cours, après les cours dans les bras d'un pote et hier soir jusqu'à l'endormissement.

Je veux bien être d'accord de dire que j'ai fait de la merde, mais c'est pas une raison pour que j'en sois là.

Merci pour votre écoute, une belle journée.

Réponse

Tes émotions raisonnent au travers de tes mots. La situation actuelle te semble injuste, absurde et le cadre de protection de ta mère trop intrusif et décalé.

En te lisant, il nous semble important que tu puisses bénéficier d'aide et de soutien. Nous sommes donc rassurées de savoir que tu sois entourée amicalement, la présence et le soutien des ami·e·s sont un soutien précieux.

Nous te rappelons que parallèlement, il est aussi vraiment important de t'adresser à des professionnel·les de la santé. Dans le cadre scolaire, tu peux t'adresser au ou à la médiateur·trice scolaire, la·le travailleur·trice social·e, à la permanence éducative d'accueil (REPER) et aux enseignant·e·s avec qui tu te sens en confiance. Certains jeunes cherchent de l'aide et du soutien également auprès de l'aumônerie.

On peut facilement imaginer (et comprendre) que ta mère a été très inquiète en trouvant tes anciennes lettres. Lors d'un "pic d'inquiétude" on peut facilement avoir une réaction inappropriée. Toutefois, une fois le pic émotionnel passé, il est important de pouvoir établir un dialogue, de chercher ensemble des solutions et de discuter des "mesures" de protection. Des mesures de protection ne devraient pas être violentes, ni trop intrusives, le besoin d'intimité est un besoin à respecter. Ne pas pouvoir passer du temps seule, ne pas avoir le droit de fermer la porte des toilettes ou être obligée de téléphoner au salon, nous semblent être des mesures de protection très intrusives.

Avez-vous déjà eu une discussion à ce sujet ? As-tu pu la rassurer concernant tes idées suicidaires ou tes scarifications ? Cela permettra à ta mère de mieux comprendre ton état actuel et aussi de refaire le lien de confiance avec elle. Tu pourrais choisir de lui parler directement ou de lui écrire. Lui montre par exemple ce que tu nous as écrit est déjà une très bonne base de discussion.

Pour terminer, nous tenons encore à légitimer tes ressentis. Il est effectivement violent et pas adéquat de dire des choses comme "tu as un grain et tu devrais aller chez les fous". Les paroles violentes et blessantes n'ont jamais aidé quelqu'un à se sentir mieux.

Afin de compléter cette réponse, tu trouveras plus d'infos en annexe. De notre côté, nous restons à ton écoute. Reviens quand tu veux.

L'équipe ciao.ch


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Dernière modification le 31 mai 2025

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