Question (Fille / 2008)

y a des jours où j’aimerais bien disparaître. sauf que ces jours ils arrivent très souvent. c’est le cas plusieurs jours par semaine. en ce moment je me fais la réflexion au moins une fois par jours depuis 11 jours, bientôt 2 semaines. 2 semaines a se dire tous les jours qu’on voudrait ne plus vivre c’est long.

le pire c’est que je sais que je me monte la tête et que ca empire les choses. mais je sais pas me mettre en colère, je ne sais pas ressentir de la colère. je ne peux pas râler, m’énerver, crier un bon coup après les gens. ma seule façon d’évacuer c’est de pleurer. c’est pas la meilleure façon à mon avis. je sais pas poser mes limites, je sais juste m’excuser et pleurer.

enfaite je suis bonne à rien. on te demande de dire si y’a quelque chose qui va pas dans une relation sociale sauf que moi je nie, je me dis que tout va bien, je fais l’aveugle et cherche des excuses aux autres. alors que oui cette fois ci ils ont merdé. mais c’est pas grave, on est humain on fait tous des erreurs et ça se répare, à condition d’en parler avec les personnes concernées. parce qu’on est plus des gamins et qu’on peut en discuter calmement sans ruiner notre relation sociale. sauf que moi j’ai besoin des autres plus que tout. l’attention des autres me donne de l’énergie. sans leurs attention, je n’y arrive pas. ma batterie c’est mes relations. sans elles je peux pas. et au fond de moi, leur reprocher quelque chose équivaudrait à leur donner une énième raison de se désintéresser de moi.

parce que la vérité c’est ca, moi seule je suis pas drôle, je suis pas bavarde, je suis pas bon délire, je suis pas complètement timbrée (dans le sens drôle sympa, avec qui on passe du bon temps), je suis pas de bonne humeur, je suis pas attirante (dans le sens juste une personne qui a l’air sympa et avec qui a donné envie de passer du temps) alors que les autres le sont. elles le sont. et elles sont ma batterie. la seule chose dont je peux être fière c’est d’avoir réussi à ne pas pleurer, même pas les larmes qui montent aux yeux ni la voix qui tremble quand ma mère m’a demandé comment elles allaient et que j’ai répondu d’une voix pleine d’assurance oh elles vont très bien !

des fois je regarde autour de moi comme si c’était la dernière fois que je regardais. je me mets à contempler les jeux de la lumière du soleil, les plantes, les oiseaux, les animaux, la courbe des objets. je touche aussi les choses, lisse, rugueux, doux, piquant, texturé, râpeux , soyeux… et le ciel. je l’admire comme si c’était la dernière fois, comme si j’allais le rejoindre. quand je fais ça j’ai les larmes qui montent. je me demande si les gens qui sont partis d’eux même ont fait la même chose que moi et s’ils avaient cette même douleur en le faisant.

faut quand même aller bien mal pour penser à se suicider à 16 ans. alors qu’on pourrait vivre encore plein de belles choses. et dire qu’il y a 4 petites années, je trouvais ça impensable que des gens puisent arriver à de telles extrémités. pour moi il suffisait de déménager et de couper avec les gens. alors que c’est intérieur. c’est un combat seul face à toi même. même étant entourée des bonnes personnes, il y a quelque chose qui cloche chez moi.

c’est pour ça que j’aimerais bien aller voir un psychologue/ psychothérapeute (je ne sais pas quelle est la différence). sauf que je ne pourrai jamais demander à ma mère. ça l’inquièterait trop et lui rajouterait encore une goutte d’angoisse au vase déjà bien chargé à cause du travail. pas envie de lui rajouter des angoisses, du stress, et du poids à celui qu’elle porte déjà. mais j’ai besoin d’aide, mais après tout je n’ai pas grand chose, ce n’est pas moi la priorité. j’aimerais juste parler à quelqu’un qui m’écoute sans que ça l’impacte. de toute façon je sais même pas ce que je dirais. je ferais comme avec tout le monde, je suis juste fatiguée, un peu stressée des cours avec les DS, et de l’orientation. c’est tout. pas d’amitié qui part toujours en couille avec moi, pas de dépendance l’attention et l’amour des gens, la batterie sociale, pas d’absence du sentiment de la colère depuis ma naissance, pas d’angoisses et de stress et de peurs permanents, pas ce quelque chose qui me coule bien bas parfois, que je n’arrive pas à identifier, que je ne sais pas d’où il vient et qui me donne des idées noires.

et puis ce besoin de toujours vouloir vérifier qu’on m’aime, mettre les autres « à l’épreuve ». trouver la preuve que j’avais raison et qu’ils ne m’aiment pas. pourquoi est-ce que je fais ça ? c’est plus fort que moi…
heureusement pour ma famille et ceux qui se considèrent comme mes amis, j’aurai jamais le cran de faire un tel acte.

Réponse

Nous avons pris du plaisir à te lire, tu as une jolie plume, nous comprenons que tu traverses une période délicate et cela nous inquiète pour toi.

Tu mentionnes le fait que tu ne parviennes pas à ressentir de la colère et à poser tes limites. En effet, la colère est une émotion qui peut faire peur, car elle nous fait prendre le risque de froisser les gens qu’on aime. Ainsi il est peut-être difficile pour toi de prendre ce risque car tu nous expliques que tu as « besoin des autres plus que tout ».

Nous comprenons qu’il ne doit pas être simple de se rendre compte que l’on a des idées suicidaires à ton âge, alors que ce n’était pas le cas, il n’y a pas si longtemps. Il est vrai que tu as l’air bien seule à porter ces souffrances, en parler à un psychologue pourrait t’apaiser et mettre du sens à ce que tu vis actuellement. Tu dis ne pas vouloir inquiéter ta maman d’avantage, mais les questions que tu te poses sont légitimes. Ne penses-tu pas que si tu lui en parlais, elle pourrait t’aider à trouver une solution ?

Ta situation semble impacter ta vie à tous les niveaux, il est important que tu trouves de l’aide et que tu en parles, que tu ne restes pas seule. En te lisant, nous avons eu l’impression que cela te faisait du bien d’écrire ce que tu ressens et nous souhaitons t’encourager dans ce sens. N’hésite pas à continuer de nous écrire sur ciao.ch.

Si tu aimes parler, tu peux aussi appeler le 147, c’est une ligne d’écoute pour les jeunes, disponible 24 H/24 et 7J/7.

Si tu souhaite rechercher un.e psychologue sur ton canton, ce site pourrait t’aider :

https://www.ajbfpp.ch/trouver-un-psy/

Prends bien soin de toi, nous restons à ta disposition.

L’équipe ciao.ch

Dernière modification le 8 mars 2024

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