Question (Non binaire / 2007)

Dès que je stresse, j'ai envie de me faire du mal.
J'ai arrêté depuis août parce que le milieu dans lequel je travaille ne me permet pas d'avoir des plaies ouvertes de façon "pas dangereuse" (il y a trop de risques d'infection car c'est poussiéreux et sale et je dois beaucoup bouger donc ça rend une cicatrisation propre compliquée).

Le truc, c'est que la semaine prochaine est ma dernière semaine de travail et donc j'aurai plus rien qui me retient.
Je ne veux pas recommencer et je ne sais pas quoi faire, la seule solution de ma psy c'est "si tu veux pas le faire, fais-le pas". Mais c'est beaucoup plus compliqué que juste "arrête". Me faire du mal quand je stresse m'aide à me calmer, à dormir, à prendre soin de moi (oui, c'est bizarre, mais la partie traitement des plaies et hygiène est très importante pour moi), ...

Je précise, je le fais pas pour mettre fin à mes jours, juste pour calmer le stress et faire taire l'envie parce que c'est chiant et ça me pousse à faire des trucs pire.

Réponse

Tu mentionnes un point très important : tu as arrêté de t'automutiler depuis août. Tu dis que ce n’est pas parce que l’envie a disparu, mais parce que tu as tenu malgré elle. Ça montre une vraie force et une grande capacité de protection envers toi-même. Et ces forces sont bien réelles, même si tu ne les ressens pas comme telles.

Aussi, le fait que ça t’aide à te calmer, à dormir, à prendre soin de toi a du sens psychologiquement. Ce n’est pas forcément le geste en lui-même qui te fait du bien, mais ce qu’il t’apporte : c'est peut-être une décharge de tension, un rituel, une sensation de contrôle, et même une forme de douceur envers toi-même à travers les soins que tu te procures. C’est comme si ton cerveau avait associé tout ça au soulagement.

Peut-être que l’enjeu, pour l’instant, n’est pas forcément de te dire que tu ne dois surtout pas le faire, ce qui pourrait t'ajouter une pression supplémentaire, mais plutôt de réfléchir à ce que tu pourrais mettre en place, ou au moins commencer à comprendre ce que ce comportement représente pour toi.

Tu pourrais peut-être te poser certaines questions, non pas pour te juger ni pour trouver des réponses parfaites, mais simplement pour creuser peu à peu ta situation : qu’est-ce qui déclenche le plus souvent ces envies (situations, environnements, personnes, etc.) ? Qu’est-ce que ça t’aide à supporter ou à faire taire la souffrance sur le moment ? Parmi tout ce que ça t’apporte, qu’est-ce qui est le plus important pour toi ? Est-ce que tu possèdes déjà d'autres ressources que l'automutilation pour te sentir mieux lorsque tu ressens un trop-plein, même toutes petites ?

Ces questionnements ne sont pas là pour t’obliger à arrêter ni pour t’enlever quelque chose d’un coup. Ils peuvent t’aider à mettre des mots là où, jusqu’ici, ton corps parlait à ta place, et peut-être, avec le temps, à imaginer d’autres façons de répondre aux mêmes besoins. C’est un processus qui peut bien-sûr prendre du temps : ce n’est pas instantané, mais ça peut aider à réduire l’intensité des envies et à traverser les vagues de stress sans te battre contre toi-même.

N'hésite d'ailleurs pas à continuer à en parler à ta psy. Peut-être pourrais-tu lui expliquer comment tu te sens quand elle ne t'aide pas à trouver des astuces ? Ce que cela engendre chez toi au niveau des émotions ? Une discussion ouverte concernant votre relation lui permettra de se rendre compte de ce qu'elle pourrait changer pour que toi, tu puisses te sentir écouté·e.

Et sache que si elle ne te procure pas l'aide que tu souhaites avoir, tu es en droit de chercher un·e autre psy.

Finalement, si l’envie devient trop forte, ça ne veut en aucun cas dire que tu as échoué. Ça veut juste dire que quelque chose en toi est dépassé. Dans ces moments-là, c’est important que tu ne restes pas seul·e avec ça : en parler à une personne de confiance, écrire, envoyer un message, ou chercher de l’aide immédiate si tu sens que tu perds pied, notamment au 147, une ligne d’écoute gratuite avec des professionnel·les bienveillant·es et à l'écoute, te permet aussi de prendre soin de toi.

Tu as déjà fait quelque chose de très important : tu réfléchis, tu anticipes et tu demandes de l’aide. Tu n’as pas besoin d’être parfait·e ni d’avoir une solution magique pour avoir le droit d’aller mieux. Tu mérites du soutien, de la compréhension et des outils adaptés à toi.

Nous espérons avoir pu te donner quelques pistes de réflexion.

N'hésite pas à revenir nous écrire,

L'équipe ciao.ch

Dernière modification le 16 décembre 2025

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