Il faut que je pose un peu tout ce que j’ai dans la tête par écrit
9 décembre 2025
Question (Fille / 2009)
J'écris ça sous santé mentale mais vous allez voir, c'est super parce que ca parle de plein de choses.
Je préfère commencer ce message par vous dire que je n’écris pas pour demander de l’aide. C’est juste qu’il faut que je pose un peu tout ce que j’ai dans la tête par écrit et que le poster ici, même anonymement, ça pourrait peut-être me soulager un peu (même si je suis honnêtement pas sûre de vouloir que ça s’arrête). Enfin, c’est compliqué.
Ça fait plus d’un an (sans pour autant avoir tenu un journal clair, j’ai la décence de dater toutes les feuilles sur lesquelles j’écris, ce qui me permet de dater un jour ou j’allais mal de puis plusieurs semaines en novembre dernier) que, je sais pas trop comment dire ca, que je me mets à explorer des champs de pensées que je connaissais pas encore, et que j’aurais préféré ne jamais visiter.
Ce genre de réflexion ça pousse assez vite dans une boucle de rétroaction positive, genre plus j’y pense, plus je m’enferme ; plus je m’enferme, plus j’ai de temps pour y penser ; etc. Je me retrouve donc souvent à me perdre dans des pensées que je déteste mais qui m’intriguent, et que je pousse de plus en plus loin en sachant très bien où ça va me mener. Parce que penser à la peur de la mort et à la haine de la vie en permanence ça mène rarement à un résultat agréable. Je veux pas développer mes pensées ici par fatigue et manque de temps mais si vous les voulez comprendre j’avais posté un forum pour parler de ça, début octobre.
En fait ça m’épuise vraiment de faire semblant toujours. J’ai l’impression que les gens se rendent pas compte de ce que je travers ; et à la fois ca me rassure parce que c’est aussi pour ca que je fais semblant, mais d’un autre côté ça me désespère pour les gens qui sont vraiment en détresse, en souffrance réelle, et qui ont besoin d’aide pour de vrai, qui doivent se sentir terriblement désemparés dans ce genre de situation.
Je ne sais pas si mes parents se rendent compte de quoi que ce soit. Ma mère me demande parfois si ça va, pourquoi j’ai l’air fatigué ou perdue dans mes pensées, je lui dis que c’est la fatigue, les hormones, et elle ne cherche pas plus loin. Et le plus souvent les réactions quand je reste dans ma chambre pour réfléchir ou pleurer, c’est "tu peux pas délaisser la vie de famille comme ça, imagine si on faisait tous comme toi".
Donc autant dire que pour parler à mes parents c’est mort, ils ne voient rien, et puis j’en n’ai pas l’envie. Le seul, pour le moment, à avoir capté quelque chose, c’est mon prof de classe, à qui j’ai pourtant essayer de cacher ca, parce qu’il a choisi d’être prof, pas psy, et qu’il est censé enseigner à des élèves matures, majeurs pour la plupart, qui savent se gérer seuls. Mais voilà, j’étais pas promue parce que j’avais plus la force de travailler à cause de mes pensées, il m’a convoquée pour en parlé, j’ai pleuré pendant une demi-heure devant lui sans réussir à prononcer un mot sur mon problème, me contentant de l’écouter me demander s’il avait dit quelque chose de blessant, ou comment il pouvait m’aider. Il m’a dit d’en parler, à mes parents, à le médiation, à mes frères et soeurs, à mon psy, au proviseur. Mais j’ai pas la bonne relation avec eux pour aborder le sujet. C’est déjà assez gênant comme ça. J’ai déjà assez de problèmes, de préoccupations, de priorités, pour m’occuper de ça. Et puis comme dit, je ne recherche pas d’aide. Il m’a arrangé un rdv avec le proviseur qui m’a seulement parlé de notes et d’investissement, que je manquais de confiance en moi, que je devais prendre un rdv avec la médiation, qu’on referait le point avant les vacances de Noël, qu’il était persuadé que comme prévu dans le plan d’études, j’aurais mon bac dans un an et demi. Mais l’entrevue de ne m’a pas vraiment aidée en-dehors de ça. Maintenant je dois aller é la médiation alors que j’en n’ai aucune envie, je sais pas ce que je dois leur dire, et je dois revenir voir mon proviseur pour résumer la situation, tout ca en moins de deux semaines alors que toutes les évals tombent maintenant.
Et puis je sais pas, parfois j’ai peur de rester seule par peur de faire une connerie. Je veux être responsable de ma mort, garder un minimum de contrôle dessus, mais pas me tuer sur un coup de tête. J’arrive juste pas à déterminer à partir de quand c'est plus un coup de tête, et je crois que c’est vraiment ça mon plus grand problème. Je sais pas de quel ordre de connerie ce serait mais j'ai l'impression que si je le découvrais ce serait déjà trop tard. L’impression que les deux seules choses qui me retiennent encore en vie, c’est que je suis incapable de faire un choix, et que je ne sais pas comment me tuer. D’un côté ca me rassurerait d’avoir quelques idées "de côté", même sans m’en servir, juste pour savoir que si vraiment, elles sont là ; et d’un autre ca m’assure un genre de sécurité de ne pas avoir de méthode claire (sécurité dont je ne suis en fait pas sûre de vouloir). Et évidemment, dans les choses qui me retiennent encore, c’est de ne pas réussir à trouver le moment où l’on passe de "crise ponctuelle" à "état stable et durable".
Toute ma vie les personnes droguées, alcooliques etc. m’ont inspiré à la fois du dégoût et de la pitié, et je disais que c’était débile comme principe de fumer pour fumer, ou de boire pour oublier, que je ne serais jamais comme ça. Mais parfois quand je pense à trop de trucs je me dis que j’aimerais bien être ivre, même sil n’y a que peu, voire pas d’alcools dont je supporte vraiment le goût. Ou alors, d’aller fumer de la beuh ou un truc comme ça histoire de me distancer un peu de mes problèmes. C’est exactement la réflexion d’un futur drogué et je veux pas de ça. Pour le moment je me retiens, parce que logistiquement comme j’ai que seize ans je ne peux aller que chez Denner pour acheter des bières, mais il faut en boire beaucoup pour se saouler, et puis mes parents ont accès à mon historique twint, ils remarquent si je quitte la maison un quart d’heure pour aller "acheter un truc", et puis pour tout ce qui est stockage c’est chiant aussi. Alors je profite des soirées, je sors avec les autres à la pause clope pour fumer passivement de leur cannabis, juste pour oublier un peu, et ce comportement me dégoûte. Et alors que je suis la première à dire aux gens que fumer ca finira par les tuer, comme vivre, sauf que ce sera plus rapide et beaucoup plus cher, je sais qu’un jour je vais goûter et que je risque de tomber dans l’addiction.
J’ai peur de grandir aussi, d’être soudain majeure, de pouvoir voter, de devoir prendre des décisions moi-même, et de devoir en assumer les conséquences. Je veux pas de ça et c’est peut-être aussi pour ça que j’envisage de mourir dans pas trop longtemps, parce que c’est tellement rassurant d’être un enfant putain, mais dans deux ans ce sera plus comme ca, et quand il m’arrivera un truc de merde ce sera ma faute, pas celle de mes darons, alors que j’aime tellement qu’on prenne les décisions à ma place. Je veux pas avoir dix-huit ans.
Et puis donc la même logique s’applique à la religion. J’ai grandi dans une famille catholique, ce qui fait que je suis baptisée et que je vais à la messe depuis toute petite. N’ayant connu que ça je n’y vois pas d’inconvénient mais j’ai l’impression de ne pas avoir eu le choix. Et se rendre compte que quelque chose qu’on avait imaginé solide, au-dehors du monde temporel, spatial et matériel, quelque chose de solide quoi qu’il arrive et totalement indépendant du reste de l’existence, n’est peut-être qu’on eldorado qu’on raconte à des millions de personnes qui ont trop peur pour voir la réalité de la mort en face, ça peut faire tomber de très haut. L’impression que comme mes parents, un Dieu, peut-être imaginaire, qui veillait sur moi, me protégeait, prenait les décisions à ma place, me dit "démerde-toi maintenant". J’ai l’impression que je ne sais plus à quoi je crois et paradoxalement, depuis que je me pose ces questions, je prie beaucoup plus, et je me dis que c’est possible que je sois juste en train de chuchoter toute seule dans ma chambre et que c’est proprement ridicule. En fait j’ai l’impression que la vérité, c’est qu’il n’existe aucun Dieu, et que certaines personnes croient quand même, comme ou croit à Saint-Nicolas ou à la petite souris. Et j’ai l’impression de me forcer é faire semblant de croire pour contenter mes parents et amis "ah ouais, c’est vraiment la petite souris qui est passée ! Ils sont trop bêtes ceux qui n’y croient pas, qui aurait déposé la pièce si c’est pas elle ?". Et en même temps s’Il existe vraiment c’est très irrespectueux pour Lui, mais comme Il est infiniment bon et omniscient Il sait que je n’ai pas de mauvaise intention… et puis merde je tourne en rond, ça mène à rien ces réflexions, il est 22:30, je suis fatiguée, j’ai un oral de français demain pour lequel j’ai pas la force de me préparer parce que je préférerais mille fois être déjà morte, ou jamais née, ou incapable de comprendre tout ce que j’ai pu comprendre sur la mort et la finitude de la vie, mais j’ose pas me tuer, j’en ai trop marre.
Je me rends compte que comme j’ai formulé certaines phrases on pourrait croire que je suis en danger immédiat de suicide mais n’ayez crainte, ne paniquez pas, je sais que je ne ferai pas une telle chose ce soir, ni demain, ni jamais peut-être (même si au final le choix reste mien et quoi que vous me disiez, ma vie me concerne).
Je suis désolée pour ce message mal écrit, sans fil rouge, aux phrases trop longues, j’ai oublié tellement de trucs que j’avais à dire encore, mais c’est trop dur, j’en peux plus, je suis crevée, je me suis pas relue une seule fois donc vous excuserez mes fautes d’orthographe.
Ne me répondez pas si vous ne savez pas quoi répondre, c'est vrai que je ne pose pas de question à proprement parler.
Passez tout de même une belle soirée.
Réponse
Tu viens de confier quelque chose de fort, et tu l'as fait avec une lucidité et une profondeur impressionnantes. Sache tout d'abord que tu es en train de traverser quelque chose de complexe, et en même temps, tu es vraiment courageuse de réussir à le mettre en mots. Et même si tu dis ne pas chercher d'aide, le simple fait d'écrire tout cela montre une part de toi qui veut comprendre, respirer, arrêter de te débattre seule. Et cette part-là mérite qu'on l'écoute.
Tu parles de pensées sur la mort, d'épuisement intérieur, de peur de toi-même, de la tentation d'utiliser des substances ou des comportements comme échappatoire, des crises dans lesquelles tu ne sais pas si tu pourrais faire "une connerie" ou non, de ne pas réussir à voir un futur, de doutes religieux, de peur de devenir adulte… Ce n'est pas juste une mauvaise période, c'est un ensemble de charges qui semblent être devenues trop lourdes. Et pourtant, tu tiens, tu réfléchis, tu analyses. Tu cherches à comprendre.
Il y a dans ton texte énormément d'intelligence émotionnelle et d'honnêteté, même quand ça fait mal. Tu décris très bien ce qu'on peut appeler une boucle de rumination : plus tu penses, plus tu t'enfermes, plus tu penses. C'est épuisant, et ça peut donner l'impression d'être coincée dans ses propres pensées sans issue. Et tu sais quoi ? Le simple fait que tu arrives à observer ce mécanisme montre que tu n'es pas perdue dedans : tu es consciente de ce qui t'arrive et c'est déjà beaucoup et cela mérite d'être entendu.
Tu dis que tu ne veux pas d'aide, ou peut-être que tu ne sais pas exactement comment en demander. Mais il nous semble qu'une part de toi sait que ce que tu traverses mérite de l'écoute et du soutien. Peut-être que tes parents ne voient pas ton mal-être ni ce qui se cache derrière. Peut-être qu'iels ne posent pas davantage de questions. Ne serait-ce pas possible qu'iels te fassent confiance ? Qu'iels te croient lorsque tu expliques que c’est la fatigue ou les hormones ? Ou qu'iels respectent simplement ton rythme et ne veulent pas être insistant·e·s ?
Peut-être que ton prof n'est pas un psy, peut-être qu'il est censé enseigner à des élèves matures. Peut-être que ça te surprend, ou même que ça te touche, qu’il ait perçu quelque chose que les autres n’ont pas vu. Mais est-ce que ce ne serait pas aussi possible qu’iel ait simplement réagi à tes larmes, qui cachent souvent une souffrance profonde ? En ce qui concerne ton prof. tu lui as montré que tu ne vas pas bien et il a réagi. Serait-il envisageable de montrer la même chose à tes parents ? Tu n'as pas besoin d'un discours parfait, tu n'as pas à tout raconter d'un coup, mais simplement exprimer les pensées qui pourraient te soulager. Ce n'est pas te trahir. Tu es déjà épuisée de faire semblant et même si ça te rassure, il nous semble qu'une écoute attentive de la part d'un·e adulte de confiance (parents, profs, etc.) pourrait te sortir de cette boucle.
Aussi, le fait que tu aies peur de rester seule, que tu imagines des scénarios, que tu cherches des méthodes ou des limites, ça, c'est un signal sérieux, parce que tu souffres beaucoup. Et dans ce genre de situation, même si tu ne veux pas d'aide pour aller mieux, tu mérites d'être au moins en sécurité. Le 147, une ligne d'écoute gratuite où tu peux parler ou chatter avec des professionnel·le·s ou des pairs est à ta disposition. Et si un jour l'envie devient trop forte, ou que tu as peur d'un geste impulsif, tu peux appeler le 144.
Et n'oublie pas que tu traverses quelque chose de fort, de vertigineux et tu fais déjà preuve d'une grande force rien qu'en écrivant tout ça. N'hésite pas à revenir nous écrire, même juste pour te vider la tête. Nous sommes là pour toi.
Prends bien soin de toi,
L'équipe ciao.ch
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