Question (Fille / 2005)

Texte que j'ai écris cet après-midi. Mon rat est mort dans mes bras Dimanche nuit et je rechute. Je ne compte pas me suicider, pas d'inquiétude, ce n'est que de la souffrance que je cherche à apaiser grâce à vos mots. Je sais que c'est pathétique et m'en excuse.

J'ai encore une fois mal calculé ma dose d'alcool. Ce n'était pas une bonne idée. Ma tête tourne, mes larmes coulent et j'étouffe dans ma tristesse et mon manque. Je haïs le fait que je ne t'ai pas assez sorti, que j'ai privilégié ma fatigue à mon amour pour toi. Maintenant ton frère est seul, tout comme moi. Il reste caché dans sa cage. Comme j'aimerai faire de même. Resté dans ma chambre à jamais. Retourner à l'AI. Simplement faire de stupides ateliers et accepter le fait que je ne suis pas apte à travailler. Retourner à l'hôpital. M'enfermer de mes propres pensées et être shootée aux médicaments. Ne plus rien ressentir.
Comment vais-je faire?

Continuer bien évidement. Pas parce que j'en ai envie ou parce que je sais qu'un jour mon cœur aura guéri de cette peine aussi mais parce que je n'ai pas le choix. Je n'aurai aucun futur si je m'arrête maintenant. Est ce que je souhaite être au seuil de la pauvreté pour le reste de ma vie? Non je ne dis pas ça car j'ai envie de rester ici mais parce que je sais que je n'aurai pas le courage de me tuer donc il ne me reste qu'un choix. Le choix. Rester en vie et continuer. Me taire et faire comme si tout allait bien. Fumer dès que j'entre dans ma maison et essayer d'oublier la vie. Car oui je fume toujours et de plus en plus d'ailleurs. Je mens afin qu'on me laisse tranquille. Comme pour l'anorexie. Je mens pour qu'on me laisse dans mon coin. La terreur des plats, le dégoût que je ressens en mangeant. En me voyant. La voix est forte et me crie dessus. J'ai envie de mourir encore et encore et encore. Je garde la façade mais à l'intérieur tout est en ruine.

Je suis un waste of space. Je ne sers à rien. J'ai l'impression d'être un poids pour tout le monde. Ma famille, mes amis, mes animaux. Même mes collègues doivent être déçus de mon travail. Je n'y arriverai pas. Maman pourquoi tu m'as amener dans cette vie? Pourquoi est ce que je dois vivre. Ton idée de m'avorter aurait dû être un projet réel, pas juste une idée.
Je n'ai pas envie d'essayer d'être ici. De trouver ma place. Depuis mon enfance j'ai l'impression de ne pas avoir ma place dans cet univers. Pourtant si j'ai été créée c'est qu'il y avait un but. C'est ce qu'on me répète depuis trop longtemps.
Et si il n'existait pas de but? Si tout n'était qu'une coïncidence parce que deux adultes entièrement capable avait fait un acte stupide et m'avait simplement forcée à m'incarner?
Oui j'en veux à mes parents. J'en veux à la vie tout simplement.

"Mais la vie est si courte, profite-en"
Merci. Ajoutez des remords et plus de stress à ma vie déjà si dure. Chaque matin je me demande si je fais les bons choix, la culpabilité me rongeant un peu plus à chaque décision. Bonne ou mauvaise. Peu importe, la voix me dira que c'est la mauvaise.

J'ai 20 ans, anorexique et dépressive depuis 5 ans. Je suis si jeune et déjà épuisée. J'ai peur que mon futur sera simplement un enchaînement d'événements, pas une vie. C'est dure à expliquer. Je n'ai plus le goût de vivre, mais pas le courage de me donner le repos éternel.

A l'école professionnel on se moque de moi. Tout est un recommencement constant de douleur et tout me rappelle que je suis moi. Je me haïs.

Comment dois-je faire pour m'en sortir?

Réponse

Merci d’avoir partagé ce texte si profond et honnête. Ce que tu vis est lourd, complexe, et tu as su trouver les mots pour l’exprimer avec une grande justesse. Ce n’est pas "pathétique", c’est une manière de chercher à apaiser une douleur réelle, intense et continue. Et cela mérite d’être reconnu.

La perte de ton rat, la tristesse immense que tu ressens, les reproches que tu t’adresses… Tout cela montre à quel point tu es en lien avec ce qui t’entoure, même si ce lien est douloureux. Il n’y a rien de ridicule à souffrir d’un attachement sincère. La tristesse, la culpabilité, la solitude que tu décris sont des réactions humaines à un vécu qui dépasse les mots.

Tu dis que ne comptes pas mettre fin à tes jours, mais que tu es fatiguée, épuisée, perdue. Cela mérite une attention particulière, une écoute, et surtout du soin. Continuer à vivre uniquement parce que l'on ne trouve pas le courage de mourir, ce n’est pas vivre, c’est survivre. Et il est important que tu ne restes pas seule à porter cela, ce que tu nous partages nous inquiète.

Si aujourd’hui cela te semble trop difficile, sache que la ligne 143, La Main Tendue est à ton écoute, 24h/24, de manière confidentielle et sans jugement.

Parler à quelqu’un en direct, même brièvement, peut parfois alléger un peu la souffrance.

Si tu as un suivi psychologique ou psychiatrique, il est important que tu puisses en parler avec ton ou ta thérapeute, afin de trouver ensemble une piste pour t’apaiser. Ne reste pas seule avec tout cela. Et si ta souffrance devient trop envahissante et que tu te sens en danger, tu peux appeler le 144 ou te rendre aux urgences les plus proches de chez toi.

Tu as le droit d’avoir mal. Mais tu as aussi le droit d’être entendue autrement que dans la douleur ou dans le silence. Tes mots ici sont déjà un pas vers cela. Continue à écrire, si c’est ta manière d’évacuer, de tenir, de comprendre.

Si tu le souhaites, donne-nous de tes nouvelles.

En attendant, prends soin de toi.

L'équipe ciao.ch


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Dernière modification le 12 septembre 2025

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