Je ne veux pas que des professionnel·les dénoncent ma situation

Nous sommes désolé·es de lire ce qu’il t’arrive et tenons à te féliciter, vraiment, de t’exprimer. 

Aussi, tu as fait un incroyable chemin d’en avoir parlé à tes parents ! Bravo ! Cela a dû te demander beaucoup de courage et nous espérons qu’ils te soutiennent. 

Merci de nous dire que tu es fâchée contre nous, c’est tout à fait légitime ! Dans notre dernière réponse, nous t’avons indiqué que si tu n’es plus en danger (c’est-à-dire que tu n’es plus en contact avec ton agresseur), normalement tes parents peuvent ne pas être mis au courant. Nous aurions dû ajouter que cela vaut également pour une dénonciation : les professionnel·les ont l’obligation de dénoncer si le·la mineur·e est actuellement en danger.

Nous imaginons que dans ta situation, puisque tu es encore en contact avec ton frère et que vous vivez sous le même toit (même s’il va partir bientôt pour ses études), il s’agit d’une situation de danger actuel. Sache que ta colère va nous servir : nous serons attentif·ves à expliciter cela plus clairement à d’éventuel·les autres jeunes qui poseraient cette question. En revanche, nous sommes vraiment désolé·es que nous ne t’ayons pas donné cette information-là en plus des réponses à tes questionnements. 

Comme tu le sais déjà, les lois existent pour protéger les mineur·es, parfois même contre l’avis des mineur·es (et comme tu le dis, parfois aussi contre les besoins des mineur·es), et malheureusement les instances et les professionnel·les n’ont pas le droit d’aller contre la loi. 

Il est important pour nous de te dire aussi que lorsqu’il y a une dénonciation dans une situation comme la tienne, même si tout paraît douloureux à ce stade, il peut parfois y avoir un soulagement que les choses soient dites. Le fait de rester dans le silence d’un vécu important comme une maltraitance sexuelle, aussi bien pour la personne qui en a été victime que pour la personne qui en a été l’auteure, est pesant et peut avoir des conséquences à long terme sur le bien-être et le fonctionnement. En parler peut donc permettre de travailler ce vécu afin de, gentiment, le laisser derrière soi. 

Ce que nous t’encourageons à faire, c’est de te rendre au rendez-vous prévu pour parler de cette dénonciation avec la cheffe de la LAVI, la femme qui te suit ainsi que tes parents. Exprime tes besoins comme tu le fais avec nous. Nous t’invitons également à réfléchir à ce qui te fait peur ou ce que tu crains de cette dénonciation : là aussi, peut-être que vous pourrez trouver des réponses ensemble.

Si tu le souhaites, il existe une association spécialisée dans la question des maltraitances sexuelles, tu peux prendre contact avec cette association soit seule, soit avec tes parents et/ou les professionnel·les de la LAVI. Il s’agit de l’Association ESPAS (Espace de Soutien et de Prévention – Abus Sexuels). Nous te joignons leur adresse. 

Nous espérons de tout cœur que tu pourras trouver des solutions qui t’apaiseront, et nous rester à ton écoute si tu en ressens le besoin. Prends soin de toi !

L'équipe ciao.ch