Question (Fille / 2009)

J’ai 15 ans. Depuis environ deux ans, j’ai toujours dans ma tête l’impression que tout le monde me regarde, que ma vie est filmée et diffusée pour tout le monde. je parle souvent toute seule parce que je ressens cette présence constante. Ça prend presque toute ma vie et je n’arrive pas à m’en défaire. je vie plus dans ma tête que dans la réalité donc je suis moins concentré par exemple à l’école.
Y a-t-il une solution ?

Réponse

On sent que ce que tu vis prend beaucoup de place dans ta tête. Et déjà, tu fais quelque chose de fort : tu cherches des réponses et tu mets des mots sur ce que tu ressens. C'est précieux.

Tu décris une impression constante d'être observée, comme si ta vie était filmée, au point de parler seule et de vivre surtout dans ta tête. Ça prend beaucoup de place et te gêne dans ton quotidien. Ce n'est pas un simple malaise passager, tu sembles vivre quelque chose de très prenant. Et tu n'as pas à le porter seule.

As-tu déjà pu en parler à quelqu'un autour de toi ? Un·e adulte de confiance, un·e proche, l'infirmier·ère scolaire, un·e médecin, etc. ? Ce serait une première étape. Tu as le droit d'être entendue, soutenue et de recevoir de l'aide.

Et si ce n'est pas le cas, nous t'encourageons à en parler à un·e professionnel·le de la santé, comme un·e psychologue. Ce n'est pas forcément parce que ça va très mal, mais simplement parce que tu sembles ressentir quelque chose d'envahissant, qui te perturbe et que tu aimerais comprendre. Parfois, le fait de mettre des mots avec l'aide de quelqu'un, ça aide déjà à retrouver un peu d'espace dans sa tête et à se sentir moins seul·e face à tout ça.

Avec un accompagnement, on peut apprendre à mieux comprendre ce qu'on vit, à faire le tri de ce qui vient de l'intérieur et ce qui se passe à l'extérieur. Et aussi à retrouver de l'espace, de la liberté dans sa tête, à se reconnecter petit à petit à ce qu'on vit pour de vrai, autour de soi. Tu pourrais aussi appeler le 147 : c'est une ligne d'écoute gratuite et confidentielle pour les jeunes. Les professionnel·le·s qui y répondent sont formé·e·s pour accueillir ce genre de vécu.

En parallèle, tu pourrais essayer quelques petits trucs pour te reconnecter un peu plus au présent. Par exemple, essayer de t'ancrer dans des activités concrètes qui mobilisent ton attention dans l'ici et le maintenant (écouter de la musique, marcher, dessiner, cuisiner, bricoler,...). Noter ou dessiner ce que tu ressens régulièrement, pour poser à l'extérieur ce qui tourne à l'intérieur. Revenir à ton corps quand tu sens que tu "pars" dans ta tête : respirer lentement, sentir tes pieds sur le sol, étirer ton corps, bouger un peu, te recentrer sur ce que tu ressens physiquement.

Tu as fait un premier pas en nous écrivant. Le suivant pourrait être de ne plus porter ça seule. Ce n'est pas toujours simple, mais ça pourrait déjà t'amener du soulagement. Rappelle-toi que tu n'es pas seule et que tu n'as pas à vivre ça comme si tu devais tout gérer par toi-même.

N'hésite pas à revenir et prends soin de toi,

L'équipe ciao.ch

Dernière modification le 14 juillet 2025

Avec le soutien de

Avec le soutien financier de la Confédération, en vertu de l'ordonnance sur des mesures de protection des enfants et des jeunes et sur le renforcement des droits de l'enfant.

Ouvrir les actions