Il a forcé pour un contact sexuel et je n'ai pas pu dire non

Tu as bien fait d'en parler et de ne pas rester seule avec ton vécu.

Nous comprenons que tu as été très claire avec ce garçon en lui exprimant, dès le départ de votre relation, que tu n’étais pas prête pour un contact sexuel. Tu as même posé une temporalité en exprimant que tu ne serais pas prête avant le lycée. Malgré tes limites posées, celui-ci ne semble pas les avoir entendues et semble avoir forcé petit à petit le contact, jusqu’à te toucher les parties intimes à plusieurs reprises. Face à l’insistance d’une personne, il est très difficile de poser ses limites. Aussi, ce que tu décris de ta réaction nous fait penser à un état de figement ou sidération : tu expliques ne pas avoir compris ce qu’il se passait et qu’il te regardait « méchamment ». Dans des situations de stress intense, notre cerveau peut nous faire avoir trois sortes de réaction : l’attaque, la fuite, ou le figement. Le figement est la réaction selon laquelle il devient impossible de dire ou de faire quelque chose. Dans toutes relations adéquates, les personnes doivent être attentives les unes aux autres et être attentives aux rythmes de chacun·e. Ce garçon aurait dû être attentif à tes réactions : le fait que tu avais les larmes aux yeux pouvait par exemple lui indiquer que ce n’était pas ok pour toi. 

Tu dis que tu ne peux en parler à personne, même pas à tes parents. Nous savons à quel point il est difficile de parler lorsqu’on a vécu des dépassements de limites au niveau de la sphère intime. Nous souhaitons t’encourager à te poser les questions suivantes : quelles sont les raisons pour lesquelles tu ne peux pas en parler ? Qu’est-ce que cela t’a/te fait de nous en avoir parlé ? Il y a peut-être une partie de toi qui est un petit peu soulagée de n’être plus seule avec ce vécu ? En parler te permettrait de travailler aussi toutes les traces laissées en toi et les répercussions qu’elles ont : la mutilation, le fait de détester ton corps que tu ressens comme « souillé », le fait de t’en vouloir de ne pas t’être imposée, le fait de travailler à dire non et travailler ta confiance en toi.

D'ailleurs, des professionnel·le·s existent et peuvent t’aider à travailler tout cela pour que tu ailles mieux. Nous t’encourageons à prendre contact avec le centre LAVI de ton canton (un centre d’aide pour les personnes ayant été victimes d’une infraction) et poursuivre ce que tu as magnifiquement fait avec nous : en parler. Des professionnel·le·s t’accueilleront gratuitement, confidentiellement, et pourront t’écouter, t’informer sur tes éventuels droits en matière pénale et t’orienter vers des professionnel·le·s (par exemple un·e psychologue ou psychothérapeute), et te fournir des bons pour que tu puisses t’y adresser gratuitement. Une personne de confiance (un·e ami·e de ton âge ou un·e adulte) peut t’aider dans cette démarche et t’accompagner à la LAVI. 

Nous restons à ton écoute et courage pour la suite de tes démarches ! 

L'équipe ciao.ch