Je me sens vide, je pleure, je n'arrive pas à gérer
20 avril 2025
Question (Fille / 2009)
Je vous écrit car depuis maintenant 3 ans et demi j’ai commencer à me mutiler. En premier temps, j’ai commencé ça à cause de mon harcèlement scolaire, lorsque je le faisais je ne voulais pas mettre fin à mes jours je voulais uniquement ressentir une autre douleur que celle de mon harcèlement. D’autant plus qu’à cette période là mes harceleuses étaient mais anciennes meilleures amies. Ce qui a fait que je me suis retrouvée sans amies dans l’école et que je me sentais très mal également car dû à ça je n’avais plus de vie sociale ni de vie tout court car je n’avais plus d’amies je n’avais plus de motivations même pour les choses qu’avant ça j’adorais.
Environ un ans après cela, j’ai commencé à recevoir des remarques sur mon corps, ce qui m’a poussé à me faire vomir ou me priver de repas. Parfois, je cherchais juste à être mal mentalement afin de ne plus avoir l’envie de manger.
Cela fait maintenant deux ans que je me fais vomir, non pas tous les jours mais dès que j’en ai l’occasion car je vis encore avec mes parents car je suis mineure mais je ne veux pas les inquiéter. Il y a également plusieurs fois dans la journée où je vais manger sans limites alors que je n’ai pas faim.
Il y a maintenant un ans et 3 mois j’ai perdu manger grande tante que je considérais comme ma grand mère, elle était très importante pour moi et je lui avais promis lorsqu’elle était à l’hôpital que j’irai la voir. Finalement je ne suis pas allée puis elle est décédé. Je sais qu’elle attendais ma visite à la place de cela je ne m’y suis jamais rendue et je m’en veux énormément.
Et depuis son décès, me mutiler est devenu un échappatoire pour moi, ça me fais penser à d’autres choses qu’au fait que je l’ai lâchement abandonnée, d’autres choses ne vont pas dans ma vie comme le fait que je n’ai pas confiance en moi, ou encore qu’à mon apprentissage les résidents (personnes âgées) me touchent et je n’arrive pas à dire non, je me sens salie. À cause de cela je me douche à l’eau brûlante ou plusieurs fois par jour, je me gratte jusqu’à en être rouge sur tout le corps. Je ne supporte plus la vue de mon corps. Je me sens comme un objet, n’arrivant pas à bouger ni dire non ni même en parler.
J’ai l’impression d’être toujours seule même en étant accompagnée, ce qui est agoniste de ma part car beaucoup de personnes sont vraiment seule alors que moi je ne le suis pas physiquement mais mentalement.
Je me sens vide je ne saurais vous dire comment je me sens. Je pleure toujours à chaque petite émotion car je n’arrive pas à les gérer.
Réponse
À travers tes mots, nous lissons une grande détresse, nous te communiquons donc tout notre soutien.
Dans ta question, tu décris de nombreux événements difficiles et douloureux. Tu décris aussi ton état émotionnel, ton sentiment de culpabilité, de solitude et le manque de confiance en toi. Tu expliques comment tout ça te pousse à te faire du mal en te scarifiant, en ne mangeant pas suffisamment (ou trop) et en prenant des douches trop chaudes.
C'est beaucoup, nous comprenons donc qu'il ne soit pas simple de savoir quoi faire pour aller mieux. C'est pourquoi il nous semble plus qu'important que tu puisses être soutenue et aidée concrètement.
Tu ne dis pas si tu as déjà parlé de ton mal-être avec tes parents. Si tu ne l'as pas encore fait, nous t'encourageons vivement à le faire sans attendre. C'est vrai, ils seront probablement inquiets, mais ne penses-tu pas qu'ils seront en même temps extrêmement rassurés de savoir que tu t'adresses à eux quand tu vas mal ?
Nous tenons aussi à te présenter toutes nos condoléances pour le décès de ta grande tante. Après le décès d'un·e proche, de nombreuses personnes se disent qu'elles auraient pu aller voir la personne plus souvent, qu'elles auraient dû faire autrement. En réalité, il y a des périodes de vie durant lesquelles on ne peut pas faire autrement, on aimerait y aller, mais quelque chose nous retient, on n'y arrive pas. Nous t'invitons donc à ne pas renforcer ton sentiment de culpabilité, sur le moment, tu as fait au mieux, ne t'en veux pas.
Ce deuil t'affecte, ce qui est compréhensible. C'est pourquoi nous te suggérons de prendre contact avec les professionnel·les de l'association As'trame. Cette association soutient et aide les personnes qui vivent un deuil. Tu trouveras plus d'infos et le contact en annexe.
Nous sommes aussi particulièrement préoccupées par tes scarifications et par ta relation avec la nourriture. Encore une fois, il nous semble plus qu'important que tu sois aidée et soutenue. C'est pourquoi tu trouveras aussi en annexe des infos et le contact de l'association ABA (Association Boulimie Anorexie).
Tu vis actuellement une période sensible. Nous t'encourageons donc à ne pas oublier que c'est une période (les périodes ont une fin) et qu'avec de l'aide et du soutien, il te sera possible d'aller mieux, il te sera possible de retrouver un état du bien-être. Ce que tu vis aujourd'hui va changer.
Quand tu en parleras avec tes parents, tu pourras leur dire (si c'est ok pour toi) que tu as des adresses d'aide et de soutien. Ils pourront t'aider à prendre contact avec les professionnel·les de ces associations ou avec un·e psychologue. Ta ou ton pédiatre est aussi une personne ressource, n'hésite pas à prendre un rdv pour parler de ce que tu vis et lui demander de l'aide et des conseils.
Pour terminer, nous te communiquons aussi le numéro de soutien dédié aux jeunes, c'est le 147. Tu trouveras les infos en annexe.
De notre côté, nous restons à ton écoute, n'hésite pas à revenir si tu as encore des questions.
Bien à toi !
L'équipe ciao.ch
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