Pourquoi je me fais du mal ?
12 juin 2024
Question (Fille / 2008)
Je suis une jeune fille de 15ans, j’aurai 16ans dans quelques jours. Depuis quelques mois, je me fais mal consciemment, je le fais surtout sur mes chevilles.
Je l’ai fais la toute première fois quand j’avais 12ans. À cet époque là je me griffais par exemple avec le coin de mon équerre. Je le faisais surtout quand j’étais triste, frustrée ou en colère, bref, quand je ressentais des émotions trop fortes et que je ne pouvais pas les contenir. Puis j’ai totalement arrêté à mes 13ans. C’est comme ci ça n’avais jamais existé.
À mes 14ans je l’ai refais, mais cette fois je me coupais. Mais je ne le faisais vraiment pas souvent, c’est arrivé seulement 2 fois dans toute l’année, et puis j’ai eu 15ans. Les choses ont beaucoup changé pour moi, j’ai changé d’école car je n’étais plus à l’école obligatoire (Suisse) et donc je suis entrée au gymnase. Contrairement aux années précédentes je me suis fait beaucoup d’amies, j’étais beaucoup moins seule. Seulement, dès la rentré j’ai recommencé à me couper. Je l’ai fais une seule fois en septembre, et une fois en octobre.
Mais en novembre ça a totalement dégénéré. Je le faisais presque tout les jours. Pourtant quand j’étais hors de chez moi j’étais stable, je rigolais et j’allais bien, avec mes parents aussi tout va bien, j’ai toujours eu une situation stable à la maison, mise a part mes parents qui se disputent très souvent. Quand j’arrivais chez moi je le refaisais, je ne me sentais pas forcément triste, je le faisais juste pour le faire. C’était devenu une habitude incontournable, même si je croyais que j’avais un contrôle dessus. En décembre c’était pareil. Puis, le 7janvier je l’ai refait.
Et après je ne l’ai plus refait pendant 100 jours. Pourtant pendant les mois je janvier février et mars, j’allais vraiment mal. Mes angoisses remontaient, je n’arrivais pas à aller en cours car je faisais une crise de panique et me mettais à trembler et à crier dans la voiture de mon père. Ces périodes de crises sont déjà arrivée plusieurs fois, chaque année j’en ai au moins une et c’est généralement pendant l’hiver.
Même si ma psy n’est pas au courant de mes problèmes d’automutilation et de pensée noires, elle recommande souvent à mes parents de me mettre sous médicament qui sont fait pour combattre les trouble anxieux, cependant mes parents n’ont jamais accepté à cause des effets secondaires, mais je prends quand même assez régulièrement des médicaments qu’on peut trouver en pharmacie, et même si ceux ci sont les plus forts qu’on puisse trouver dans ma pharmacie, je ne sens souvent que très peu d’effet.
Ce qui m’étonne c’est que j’allais mal et j’avais des pensée noires, j’avais même fixé une date, à laquelle si je n’allais pas bien, c’est que vivre c’était peut être pas fait pour moi. Pourtant durant toute cette période je ne pensais pas à me faire du mal, même si j’étais au fond du gouffre. Puis en mai, alors que tout allais bien je l’ai refait une fois, et encore une autre il y a 2j.
Je parle de ça car je veux comprendre pourquoi je le fais. Et je veux comprendre pourquoi je le fais aussi irrégulièrement, et même quand tout va bien. Je sais que certaines personne, après s’être mutilé, sentent de la honte, ou de la culpabilité, mais pour moi je ne sens rien, juste comme un vide, comme si ça n’étais jamais arrivé et je continue ma vie comme si de rien n’était.
J’ai été diagnostiquée HPI, et dans le TSA, je ne sais pas si ça pourrais expliquer mon irrégularité? J’ai aussi un suivi psychologique depuis que je suis toute petite à cause de mes angoisses, cependant elle n’est pas courant. Plusieurs personnes sont au courant que je me fais mal, mes amies les plus proches le savent, mais mes parents et ma petite sœur (qui sont les personnes dont je suis les plus proches) ne le savent pas. Je n’ose pas leurs dire.
Pendant un moment je pensais que je le faisais peut être juste inconsciemment pour l’attention, mais cela se contredis avec le fait que je ne veux que personne le sache. Si quelqu’un a une quelconque explication qui pourrait expliquer pourquoi je le fais et pourquoi si régulièrement, celle ci est la bienvenue!
Merci de m’avoir lu et désolé j’avoir fais un si gros texte
Réponse
Nous avons lu ton message avec attention et avons été touché·es par ce que tu y partages. Tu n’as pas à t’excuser, nous comprenons que tu as beaucoup de choses sur le cœur et il est important que tu puisses les partager. Tu fais bien de venir demander de l’aide sur ciao.ch.
Comme tu le décris bien, l’automutilation est une stratégie permettant d’extérioriser certaines douleurs ou émotions que l’on n’arrive pas à gérer différemment. Elles peuvent être temporairement efficaces pour nous apaiser, mais le problème est qu’elles peuvent progressivement devenir la stratégie principale pour faire face à ses problèmes. Il peut parfois devenir compliqué de s’en séparer et de faire autrement.
Il n’y a pas de « règles » avec les automutilations et ce qui est important, c'est d’en parler pour identifier ce qu’il se passe pour soi. Par exemple, peut-être que dans ces périodes où tu as l’impression que « tout va bien », il persiste des difficultés qui essayent de se frayer un chemin vers l’extérieur. Il peut aussi y avoir quelque chose de l’ordre de « l’habitude » mais nous pensons que l’explication est plus compliquée que ça. Il arrive aussi de se couper lorsque l’on ressent du vide, justement pour éprouver quelque chose. Ce sont là quelques hypothèses.
Il est important de pouvoir partager ce que tu vis. Nous t’encourageons à continuer d’en parler. C’est une bonne chose que tu aies un suivi psychologique, et nous pensons que parler de tes automutilations et de tes idées noires avec ta psychologue te permettrait de mettre des mots sur ce que tu traverses, ce qui t’aidera à mieux comprendre ton fonctionnement et à te sentir moins seule.
Nous comprenons que c’est un sujet délicat et qu’en parler puisse faire peur, mais si tu parviens à lui partager ces éléments, ta psychologue comprendra mieux ta situation, ce qui lui permettra de mieux accueillir tes souffrances et t’aider à trouver d’autres stratégies.
En parler directement n’est pas une tâche facile. Si c’est trop dur pour toi, tu pourrais, par exemple, lui faire lire notre échange. Cela serait un bon départ pour ouvrir la discussion.
L’idée est que tu te sentes prête à le faire, si ce n’est pas encore le cas, tu peux tout à fait continuer de nous écrire ici. Il y a aussi des lignes d’aide que tu peux appeler comme le 147 où des intervenant·es t’écoutent et reçoivent tes difficultés de manière bienveillante et cela 24/7.
Prends bien soin de toi 🌈,
L’équipe ciao.ch
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