Question (Fille / 2008)

Bonjour!

J’ai 15 et demi, depuis mes 10ans environs, un suivi psy assez irrégulier, j’ai vu des psy, des assistants sociaux et même une psychiatre. Depuis plus de 7 ans je souffre beaucoup et j’ai toujours l’impression d’être assez bien comprise… jusqu’au moment où je m’isole, me comporte bizarrement de manière soudaine, me fais du mal, attente à ma vie, bois régulièrement, ou tout simplement fume des cigarettes et vapote depuis mes 12-13ans… le pire c’est de pouvoir lire les pensées des gens dans leurs yeux quand ils apprennent que je n’ai arrêtée que récemment ma consommation de cannabis (1-5 joints par jour) dont je me suis fièrement sortie!

À mes 6-7 ans deux garçons, d’un an de plus seulement, mon forcés à les toucher et réciproquement, puis un peu plus tard, durant quelques années, j’étais « amie » avec un garçon qui avait pour rituel, avec ses amis (4 et souvent séparément), de me forcer à dévoiler mon intimité devant eux ou la leur durant différents jeux malsains. J’étais toujours menacée d’être laissée seule ou laissée seule. Je n’ai eu ma première amie qu’à 11ans. Je ne les blâmerais pourtant jamais, ils étaient jeunes et moi aussi, pour eux ce n’était que « jeux » j’imagine…

Je suis hpi et hypersensible, mais je vais être honnête et vulgaire… pour moi ce n’est qu’un ramassis de conneries et ce ne sont que des excuses qui leurs servent à justifier facilement et « caser » des personnes parfois légèrement marginales sur certains points.

Mes parents me voient évidemment aller voir ces professionnels sans vraiment comprendre… j’ai beaucoup de mal avec moi même notamment mon esprit ou mon âme, qualifier ça comme vous le souhaitez, je stresse beaucoup, pour moi chaque jours est lourd, comme un temps chaud et humide d’été, et je suis incapable de garder l’esprit tranquille même en pleins après-midi avec mes amies! Je suis d’accord avec mes parents que ça peut être l’adolescence… mais c’est si long… je finis toujours par croire que moi même je mens.

Je ne sais plus comment me sortir de cette situation pesante, je fais du piano, du sport, j’ai des « occupations », j’essaye d’en parler mais je ne veux plus avoir le rôle de la fille à aider, mon comportement affecte même indirectement mes relations amicales et amoureuses…

Les problèmes d’addictions, de santé mentale ou d’hypersexualisation ne sont malheureusement pas aussi roses que dans les films… ils devraient filmer mes journées!! Ça passerais sûrement pas à la télé ça…

Je me perds… comment mettre fin à cette situations?

Je m’excuse mille fois pour la longueurs de mes écrits, je ne pensais pas avoir autant à dire. Un grand merci à la personne ou aux personnes qui prendrons le temps de me lire et de me répondre!

Passez une belle journée!

Réponse

Nous comprenons bien ta souffrance et ta difficulté à sortir de tes schémas habituels. Cela rend ton quotidien brumeux et pesant. Tu essaies beaucoup de choses pour changer cela et tu peux être fière de tous tes efforts et accomplissements.

Tu as réussi à construire des amitiés même si cela a pris du temps. Tu as su refaire confiance même si tu avais été blessée, trahie, laissée pour compte par le passé. Tu as pu demander de l'aide et rencontrer des professionnel‧le‧s qui t'ont peut-être aidé à faire un petit bout de chemin. Tu as identifié ce qui te pose problème et tu as pu arrêter de consommer du cannabis. Cela fait beaucoup de réussites pour une jeune de 15 ans.

Malgré ton envie de changement, de mettre toutes ces difficultés derrière toi pour vivre un quotidien plus léger, tu n'as pas encore trouvé comment t'y prendre. Cela risque de prendre encore un moment, car les changements prennent du temps, connaissent des hauts et des bas, des avancées fulgurantes et des moments de stagnation.

Tu nous dis également que tu as eu un suivi psy irrégulier par le passé. Qu'en est-il à présent ? As-tu un soutien psy ? Serait-il possible d'en reprendre un avec de nouveaux objectifs par exemple ? Ta situation n'est plus celle de la petite fille de 10 ans. Tu as un vécu différent, des objectifs différents et surtout tes compétences à prendre soin de toi sont renforcées depuis. De plus, tu as obtenu des diagnostics qui sont peut-être utiles ou pas d'ailleurs. Mais qui te donnent des clés de compréhension de ton fonctionnement au moins. Ce ne sont plus des aspects que tu aurais besoin d'explorer en priorité.

La première chose qui nous interpelle en te lisant, c'est que tu qualifies les agressions sexuelles répétées que tu as vécu de "jeux". Même si vous aviez des âges similaires, ce n'est plus un jeu si tu te retrouves confrontée à répétition à des garçons plus âgés que toi, que tu ne peux pas refuser et que cela ne t'amuse pas. En plus, tu nous dis t'être sentie contrainte par la menace d'être laissée seule.

Même à 8-10 ans, ces garçons étaient conscients que ce n'était pas "que" un jeu. Ce qu'ils ont fait ne fait pas partie des comportements que l'on peut attendre d'enfants de cet âge. Il s'agit d'agressions sexuelles et c'est interdit par la loi. Il est évident que cela a eu un fort impact sur toi et qu'il s'agit de violences à ton encontre. Cela ne veut pas dire que tu es une victime. Tu es une personne forte et capable de beaucoup pour rebondir après des événements aussi difficiles. Peut-être que si tu reconsidères ces "jeux" comme des violences envers toi, cela te donnera une autre clé de lecture de tes difficultés ?

En effet, il est fréquent d'avoir des difficultés telles que l'hypersexualisation, les addictions, l'anxiété lorsque l'on a été victime de violences. Nous te transmettons des adresses qui peuvent peut-être t'accompagner sur cet aspect.

Ceci n'est bien sûr qu'une piste de réflexion, nous n'avons pas de réponses toutes faites à te donner malheureusement. Mais n'hésite pas à solliciter tes parents, tes amies afin d'avoir leur soutien. Cela ne fait pas de toi la "fille à aider" mais la personne courageuse qui ose demander du soutien. Ce n'est pas toujours le fait de parler de ce qui ne va pas. Au contraire, parfois le soutien, c'est de passer du bon temps avec la personne sans parler de ses problèmes. Ne perds pas espoir, cela prend du temps, mais il est tout à fait possible d'aller mieux avec l'aide adéquate.

N'hésite pas à nous écrire dès que tu en ressens le besoin, nous sommes là pour toi,


CTAS - Centre Thérapeutique Traumatismes Agressions Sexuelles - Adresses utiles - ciao.ch
Association ESPAS (Espace de Soutien et de Prévention - Abus Sexuels) - Lausanne - Adresses utiles - ciao.ch
Centre LAVI Genève - Adresses utiles - ciao.ch
Dernière modification le 15 août 2023

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Avec le soutien financier de la Confédération, en vertu de l'ordonnance sur des mesures de protection des enfants et des jeunes et sur le renforcement des droits de l'enfant.

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