Question (2009)

Ces temps ça va vraiment plus. Je me sens juste tellement mal… J’en ai marre, mais tellement marre de vivre. Je me déteste, je déteste mon corps. Souvent, je me dégoûte tellement, que j’ai juste envie de me déchirer complètement les bras avec n’importe quoi de tranchant, de m’arracher la peau… La seule raison qui m’en empêche c’est que je ne veux pas que mes parents le sachent.

Rien ne va plus. Je ne me reconnais plus. Ces temps je suis complètement bipolaire, je passe du rire au larmes en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, et je pleure tout le temps. Je suis violente, arrogante, je ne comprend pas, je ne contrôle plus rien.

Et puis il y a la nourriture. Je trouve un réconfort à manger. Et puis après je me dégoûte au plus au point, j’essaye de me faire vomir et je recommence. Je ne trouve plus aucune motivation, pour sortir, faire du sport, et même mes devoirs. Mes parents me disent que je mange de plus en plus mal, et ils ont raisons, mais je suis bloquée.

Et puis j’ai peur tout le temps. Je fais ce rêve encore et encore, ou l’on m’agresse, on me dit que je ne mérite pas de vivre, que les lesbiennes ne méritent pas de vivre. Je me dégoûte au plus au point, j’en peux plus. Je suis même pas capable d’en parler à quelqu’un, je suis complètement seule. J’ai l’impression de tomber, tomber et de ne pas savoir quand exactement je vais m’écraser. Je ne sais plus quoi faire.

Réponse

Nous avons lu ton message avec attention et il nous a beaucoup touchés. Tu exprimes que « tu ne te reconnais plus », que « rien ne va plus » et que « tu en as marre de vivre », ce qui nous inquiète pour toi.

L’adolescence est une période où l’on évolue vers l’âge adulte, traversant plusieurs changements physiques, mais aussi psychiques. Ce chamboulement amène parfois des prises de conscience et des questionnements difficiles, qui peuvent se traduire de plusieurs manières. Tu nous décris ici « te détester, détester ton corps », mais aussi « passer du rire aux larmes (…) ne plus rien contrôler ». Ces mots décrivent bien ta souffrance et le sentiment d’impasse que tu sembles vivre en ce moment. Quand la souffrance est trop grande, on a parfois l’impression qu’elle nous submerge, que personne ne pourrait la comprendre, et ne plus savoir par où commencer pour s’en sortir.

Tu nous expliques être « complètement seule », ne pas te sentir « capable d’en parler à quelqu’un ». Tu as bien fait d’écrire sur Ciao, car oser dire que l’on va mal est la première étape pour demander de l’aide. Te sentirais-tu capable de confier ta souffrance à une personne adulte de confiance ? Nous entendons que tu ne souhaites pas en parler à tes parents, mais cela peut être un autre membre de ta famille dont tu te sens proche.

Tu peux aussi te tourner le.la psychologue ou infirmier.ère scolaire de ton école. Ce sont des professionnel.les qui sont là pour te soutenir, parler avec toi des sentiments que tu nous décris comme avoir « peur tout le temps » ou te dégoûter « au plus haut point », et trouver ensemble des pistes qui, petit à petit, t’aideront à te sentir mieux avec toi-même. N’hésite pas à imprimer cet échange et à le leur montrer, cela peut peut-être t’aider à ouvrir la discussion.

Si passer ce cap reste trop dur pour toi, nous t’invitons à appeler la Ligne Ados au 022.372.42.42. C’est une ligne disponible 24h/24 et 7j/7 pour les jeunes de ton canton, qui sont dans une situation de détresse et/ou qui ont des pensées suicidaires.

De plus, si tu sens que tu pourrais passer à l’acte et te faire du mal, il faut te rendre aux urgences les plus proches afin de pouvoir rencontrer un médecin rapidement.

L’équipe Ciao te soutient dans tes démarches et reste à ta disposition,

Dernière modification le 3 mai 2023

Avec le soutien de

Avec le soutien financier de la Confédération, en vertu de l'ordonnance sur des mesures de protection des enfants et des jeunes et sur le renforcement des droits de l'enfant.

Ouvrir les actions