Je ne veux pas faire souffrir mon entourage

Question (Fille / 2004)

Bonsoir,

Récemment j’ai réalisé que j’aime me faire mal physiquement (par exemple je me punie en me scarifiant ou juste pour combler un manque j’imagine) mais aussi psychologiquement. J’adore cette sensation de poitrine compressée, la gorge qui brûle etc.

Mais je n’aime en aucun cas faire souffrir mon entourage. Depuis quelques temps mes dires et mes actions sont déplacés, et je ne pense même pas au fait que je pourrai inquiéter, fatiguer, ou tout simplement blesser ma famille. Par exemple je vais parlé ouvertement de mon ancien beau-père avec mon père alors qu’il était l’amant de ma mère pendant des années. Je ne suis pas du tout emphatique à ce moment là et ce n’est pas moi, du moins ça ne l’est plus.
Autre exemple, je vais sortir avec une amie sans donner de signes de vie à ma belle-mère pendant des heures, elle va donc se créer tous les scénarios possibles et être en panique pendant que moi je discute tranquillement avec une tasse de thé.

Je suis censé être une jeune adulte mais je me comporte comme un enfant qui ne connaît rien des bases d’une vie en communauté. À croire j’en ai rien à faire de ce que peut ressentir ma famille. Je ne sais plus quoi faire. Alors je ne parle plus, je ne dors plus, et j’écris et m’ouvre la chaire.

Si vous pouviez me donner quelques explications et des solutions ça serait vraiment fabuleux. Je ne comprends pas ce que je dois faire pour redevenir celle que j’étais.
Je ne crois pas que les exemples cités ont été assez démonstratif de mon irresponsabilité et ma non-empathie, mais la souffrance est là, et j’ai besoin d’aide.

Je vous remercie :)

Amitié, Amour, Famille

Réponse

Tu as commencé à te scarifier, et tu as le sentiment d'avoir des conduites que tu juges irresponsables ou qui pourraient blesser ton entourage. Tu ne te reconnais pas là-dedans et tu aimerais "redevenir comme tu étais".

Le fait que tu te questionnes, même après coups, sur l'impact émotionnel que pourraient avoir certaines de tes actions sur tes proches montrent que tu n'es pas dénuée du tout d'empathie. Au contraire, cela montre que tu es capable de prendre du recul sur tes actions, de te questionner sur toi-même et sur ta responsabilité envers les autres, et que tu fais preuve d'une sensibilité à l'autre et à ses besoins.

Il semble que dans les moments que tu décris, tu ne te rendes pas compte que tu peux blesser ou inquiéter, et que cette conscience-là vient dans un deuxième temps. Cela montre bien que tu n'en as pas "rien à faire de ce que peut ressentir ta famille", mais simplement que, comme tout jeune adulte, tu apprends à être en relation avec les autres et à concilier tes besoins avec les leurs.

À ton âge, il est normal de chercher à se distancer de sa famille et à prendre son autonomie. Il arrive aussi d'avoir besoin de prendre plus de risques, de tester de nouvelles expériences, d'explorer. Cette prise d'indépendance peut nécessiter des ajustements entre le jeune et l'entourage pour trouver une façon sécurisée et informée de le faire, et pour que chacun·e se sentent le plus en confiance possible.

Pour cela, dialoguer sur tes ressentis et besoins est essentiel afin que ton entourage puisse te comprendre et discuter avec toi de leurs propres sentiments et besoins. Serait-il envisageable pour toi de parler avec ta famille de ce que tu nous décris ici ? De ton besoin d'autonomie, mais aussi de ton sentiment d'être parfois irresponsable et d'avoir besoin d'aide pour comprendre comment faire autrement ?

Tu nous dis également que tu aimes te faire du mal. L'automutilation est le signe d'une souffrance qui a besoin d'être extériorisée. Mais ce n'est pas une solution, car cela devient souvent un cercle vicieux dont il est difficile de se sortir et qui cause aussi de la souffrance. En avoir pris conscience est un pas important, et nous t'invitons à chercher de l'aide autour de toi rapidement pour te faire aider à trouver d'autres façons de prendre soin de cette souffrance.

En as-tu parlé à ta famille ? Tu peux aussi prendre contact avec un·e psy qui pourra te recevoir en toute confidentialité et t'aider à aller mieux, tant sur le plan familial et relationnel qu'au niveau de tes scarifications. Nous te mettons en lien un article sur le sujet. Ne reste pas seule avec cette souffrance, tu mérites d'être entendue et comprise dans ce que tu vis.

Nous te souhaitons le meilleur, et à bientôt sur CIAO,

Le·la psy, c'est qui? - Site d'information, d'aide et d'échanges pour les 11-20 ans - CIAO

Dernière modification le 12 juin 2022

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