Peut-on guérir d'une grossesse non évolutive ?
21 août 2025
Question (Fille / 2007)
J’ai perdu un bout de ma vie, littéralement, le 28 mai 2023. C'était à un camp d'escalade en France, et bien que je n’avais plus mes règles depuis des mois, je sentais une douleur très désagréable dans mon bas ventre, qui y ressemblait beaucoup.
Nous avions fait une pause à des toilettes publiques. J’avais mal au ventre comme jamais, je pensais que c’était mes règles, je perdais du sang et ne comprenais pas trop. J’ai perdu mon bébé dans ces toilettes, douloureusement, au milieu de caillots de sang. Il est parti avec la chasse d’eau, je me souviens m’être simplement dit, et voilà, une bonne chose de faite.
Nous n’avions pas repris la route que je fis 3 malaises, presque consécutifs. On décida de m’emmener à l’hôpital, j’avais la moitié droite du corps qui répondait moins bien que l’autre.
Je fus transportée à Necker, dans une ambulance, accompagnée d’une infirmière de je ne sais où.
Ma mère arriva dans la soirée, elle repartit presque aussitôt.
Elle ne sut jamais la véritable raison de mon hospitalisation, qui dura 5 jours, et fut accompagnée d’une batterie d’examens (ponction lombaire, électroencéphalogrammes, irm…).
Je ne dit à personne du personnel là bas que je venais de faire une fausse couche, mais j’imagine qu’ils le savaient, par les prises de sang et tout le reste. On ene m’en parla pas.
je rentrais chez moi très fatiguée, sans que ma famille n’aie de réponses.
Je repris les cours la semaine suivante, comme si de rien n’était. J’avais le bac de français très bientôt. J’avais quitté mon petit ami en janvier, ou alors tout début février je ne sais plus. Nous couchions encore quelques fois ensemble, nous ne nous protégions pas. Après un « oubli » de sa part, il m’acheta la pilule du lendemain. Je ne la prenais pas, elle resta de longs mois dans un placard, où la femme de ménage la découvrit et l’amena à ma mère.
Je fis un test de grossesse, par habitude, car mes règles avaient souvent du retard. Il était positif. Je ne couchais plus avec le petit ami, avec lequel je m’étais finalement un peu brouillée. Je lui ai envoyé la photo du test, à lui et quelques uns de nos amis, nous avions un groupe tous ensembles. Ils étaient choqués, voulaient tous m’aider.
Je ne sais pas, dans ma tête ça paraissait tellement irréel. Le petit ami voulait m’aider, il m’a dit qu’il m’emmènerait me faire avorter, ou que si je le souhaitais, il m’aiderait pour élever un enfant. Quelle idée, j’avais 15 ans. Je leur avais tous dit que je m’en occupais, qu’ils pouvaient me laisser tranquille avec ça.
Je suis restée ainsi presque 3 mois sans rien faire, avec une vie dont je ne voulais pas vraiment qui grandissait en moi. Je suis fine, et sur certaines photos, on voit que mon ventre s’arrondissait déjà. Je ne me sentais pas concernée, je ne savais pas trop quoi faire.
En fait, cette fausse couche me diriez vous, est arrivée juste à temps ! C’est ce que je me disais.
Mais j’y pense très souvent, à ce petit corps sans vie, qui ne l’avait jamais connue, et qui a disparu dans des toilettes publiques. Je n’ai jamais vraiment voulu le perdre, comme je n’ai jamais vraiment voulu le garder. Il aurait à peu près 1 an et demi maintenant. Je cotoie beaucoup d’enfants, je sais ce que c’est un petit garçon d’un an et demi (car oui, je reste persuadée que c’était un garçon). J’en suis triste, peut-être un peu malheureuse. Je me sens bien coupable, mais que peut on faire d’un enfant, si jeune ?
Cela semblait si anodin ces quelques mois, mais les jours à l’hôpital qui ont suivit ont été remplis de remords et de souffrances.
Je n’ai pas seulement risqué ma vie, car oui, perdre un enfant peut-être dangereux. J’en ai aussi perdu un petit bout.
J’ai 18 ans, c’était il y a un moment. Je pense à cet enfant, je sais que beaucoup de femmes, de couples, en perdent. En guérit-on ?
Suffit-il de se dire que ni lui ni moi n’aurions été heureux, pour en guérir ?
Je vous remercie pour vos réponses et votre soutien.
je sors maintenant avec un homme plus agé que moi, avec qui tout se passe très bien, mais qui n'a pas d'enfants et qui n'en veut pas. Impossible de parler de ce sujet avec lui (enfin on peut en parler, mais cela ne prend pas l'importance que j'aimerais que ça ait) il ne comprend pas ma douleur et mon accablement. Il me dit que c'est du passé, et que ça aurait été terrible que cela ce soit passé autrement. Bien évidemment je suis d'accord, mais c'est tout de même un problème plus profond, peut-être que seules les mères le savent.
Je vous remercie pour votre réponse à ma précédente question, qui m'a rassurée.
Bon courage
Réponse
Tu fais preuve de beaucoup de courage et de force en nous témoignant ton histoire de grossesse non évolutive. Une grossesse à 15 ans, une perte de grossesse douloureuse et soudaine, l’absence de soutien, d’écoute, d’explication : tout cela a créé une blessure silencieuse, mais bien réelle. Tu as perdu quelque chose d’intime, de vivant, sans que personne autour de toi ne puisse vraiment le voir ni le reconnaître. Et tu continues à porter ce vécu profondément marquant, deux ans plus tard.
Il est normal que cette perte continue à t’habiter. Tu as vécu une expérience qui aurait bouleversé n’importe qui, à n’importe quel âge. Et tu l’as vécue seule, dans le silence, sans mots pour la nommer.
Tu dis très justement que cette fausse couche est restée invisible. C’est souvent ce qui rend ce genre de deuil si difficile à traverser : on perd quelque chose que les autres ne voient pas, que la société ne reconnaît pas. Et pourtant, pour toi, ce n’était pas rien. Tu as le droit d’y penser, le droit d’en parler, le droit d’être triste. Tu as aussi le droit de créer toi-même une manière d’en faire quelque chose de plus doux.
Même après plusieurs mois ou années, il peut être apaisant de symboliser une perte pour avancer dans le processus de deuil. Il peut s’agir d’un geste simple, mais chargé de sens : par exemple, écrire une lettre, exprimer à haute voix ce que l’on ressent, ou encore passer par une création artistique. Cette lettre ou cet objet peut ensuite être détruit, enterré, ou simplement conservé. Ces gestes ne sont pas obligatoires, bien sûr, mais ils peuvent transformer quelque chose d’indicible en un souvenir que l’on peut honorer, reconnaître, intégrer.
Tu évoques aussi la culpabilité que tu ressens parfois. Et là encore, nous souhaitons te dire ceci très clairement : tu n’es pas responsable de cette perte. Les grossesses qui n’évoluent pas jusqu’à leur terme sont malheureusement fréquentes. Cela arrive à beaucoup de femmes, de tout âge, dans toutes les situations. Ce n’est pas une question de mérite, de faute ou de choix. Tu as le droit de te libérer de cette culpabilité, en reconnaissant que tu as vécu une perte.
Ton compagnon actuel ne semble pas comprendre l’importance de ce que tu ressens. Cela doit être difficile pour toi. Certaines personnes ont du mal à entendre une douleur qui ne se voit pas, ou qu’iels n’ont pas vécue. Cela ne veut pas dire que ta souffrance n’est pas réelle. Ce n’est pas nécessairement par indifférence ou par manque de compassion, mais parce que c’est difficile pour eux·elles d’entendre une douleur aussi intime et profonde. Leur réaction peut être maladroite, voire blessante, parce qu’iels cherchent à te protéger ou à se protéger eux-mêmes, en évitant de regarder en face ce que tu as traversé. Cela ne veut pas dire que ta douleur n’est pas légitime, mais simplement qu’elle dépasse parfois ce que les autres sont prêt·e·s ou capables d’entendre.
Il est important que tu puisses trouver un espace où ton vécu puisse être reconnu, entendu, accueilli. Un accompagnement auprès d’un·e professionnel·le et/ou d’un centre de santé sexuelle de ta région peut être une démarche soutenante pour intégrer cet événement difficile, avancer plus sereinement et commencer à "guérir".
Nous te souhaitons de trouver une forme d’apaisement et espérons avoir pu répondre à tes différentes questions🌷
Nous te donnons toute notre force et restons à ta disposition !
L'équipe ciao.ch
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