Ma relation avec la nourriture est compliquée
20 décembre 2023
Question (Fille / 2005)
Je viens vers vous parce que je sais pas à qui en parler. Je ne veux pas en parler tout de suite à mes parents pour ne pas les alarmer au cas où il n’y aurait pas de problème en réalité, mais je ne veux pas non plus prendre rdv pour rien avec un médecin (mais parents le sauraient aussi).
Pour aller droit au but, c’est compliqué avec la nourriture… je ne dis pas que je suis malade (anorexie, boulimie, hyperphagie, etc) je pense même ne pas l’être, mais je sens quand même que ça ne va plus du tout. Je vous explique ma situation, car étant consciente de mon problème, j’ai pu un peu « analyser » ma situation.
C’est compliqué depuis bien quelques mois maintenant, mais j’avais des comportements pas normaux bien avant. Comme par exemple, apprécier le fait qu’on me dise « mais t’es trop maigre ». Il faut savoir que de base, j’adore me faire plaisir en mangeant et que je ne prenais pas un gramme. J’ai toujours été fine.
Il y a environ 2-3 ans, je me suis « rendue compte » du corps que j’avais. C’est à dire que je l’aimais beaucoup et je me sentais très bien. J’avais confiance en moi comme jamais auparavant. D’un côté c’était bien, même une bonne chose (j’ai rarement confiance en moi) mais d’un autre côté j’avais (et j’ai toujours) très peur que mon corps change. Alors, j’ai commencé à faire attention à ce que je mangeais en mangeant à tout les repas et sans trop me priver à côté des repas (parce que j’avais entendu dire que si je mangeais beaucoup et que je ne prenais pas de poids, c’était juste une question de temps avant d’en prendre). Jusque là, tout allait bien.
Mais, un jour j’ai réalisé que j’avais pris du ventre, donc j’ai commencé à plus me priver de sucreries, pâtisseries et autres aliments hors repas. J’ai commencé à détester mon ventre, d’autant plus qu’il gonfle pour tout et rien. Puis, un autre jour je me suis pesée et j’ai vu que j’avais pris bien 10 kg en un an environ. Ça, en plus de mon ventre, j’ai paniqué.
Depuis, j’alterne entre les périodes où je ne mange que très peu et saute des repas aux périodes où je mange tout ce que je trouve à m'en faire mal au ventre (pour le moment, les périodes où je mange beaucoup durent un peu plus longtemps que les jours où je mange peu, ce qui me rend encore plus mal), je culpabilise énormément quand je mange beaucoup, je suis rassurée et fière quand je mange peu, je bois souvent des boissons à base de lait pour me caler, je suis rassurée quand je vois que les autres mangent plus que moi et dans le cas contraire je m’énerve contre moi même, je sais plus faire la différence entre la faim et la gourmandise et je pense tout le temps à la nourriture… je ne me suis jamais fais vomir ni pris de laxatifs ou autres, mais je cache pas que j’y ai pensé. Le fait de ne pas savoir comment m’y prendre me sauve un peu la dessus.
Ce que je trouve bizarre, c’est que je suis consciente de tout ça (la preuve j’arrive à vous décrire mes pensées et ce qui m’arrive) et je sais que c’est pas bien, mais malgré ça j’arrive pas à lutter, je sens que ça ne va pas en s’améliorant et je sais pas à qui m’adresser.
Encore une fois, je ne dis pas que je suis malade, je ne m’auto-diagnostique pas, mais je crois que j’ai besoin de savoir ce qui m’arrive et surtout savoir si je dois vraiment me prendre la tête et m’inquiéter pour ça.
Merci beaucoup Ciao pour votre réponse :)
Réponse
Tu arrives, en effet, très bien à mettre des mots sur ce qu'il se passe, ce qui est une grande force. Les préoccupations autour de l'image corporelle sont fréquentes à l'adolescence, mais dans ton récit, nous sommes interpellés par la place immense que ces préoccupations prennent dans ton quotidien, les angoisses qu'elles génèrent et les mécanismes déjà mis en place pour tenter de les calmer.
Nous ne pouvons bien entendu pas donner de diagnostic sur ce site, mais nous sommes persuadé·e·s qu'un·e professionnel·le de la santé (pédiatre ou médecin traitant) pourra t'aider à comprendre ce qui se passe et t'accompagner durant cette période.
Nous souhaitons aussi te rassurer sur ta crainte de consulter "pour rien", ce n'est pas le cas, et nous savons que dans ces situations une aide externe est essentielle ! Si tu te sens d'en parler à tes parents, c'est toujours mieux, car ils peuvent être d'une aide précieuse. Si tu préfères être accompagnée par ta·ton médecin pour leur en parler, c'est aussi possible (n'oublie pas qu'iel est soumis au secret professionnel).
Nous te souhaitons de belles fêtes de fin d'année et n'hésite pas à revenir si tu as d'autres questions,
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