Question (Fille / 2006)

Bonjour,
Je crois avoir été victime de violences sexuelles, j’ai 16 ans et tous les ans je vois mes voisins dans ma maison de vacances. Cette année j’ai eu l’idée d’emmener un de mes voisins à un terrain de basket. J’avais envie de l’embrasser et de le prendre dans mes bras pour avoir du réconfort d’un garçon mais rien de plus. Il a commencé à me faire voir des vidéos traumatisantes de lui et ses amis qui couchaient avec des filles en vidéo et je ne sais pas pourquoi mais mon cerveau a fait l’impasse dessus et a totalement oublié. Ensuite il n’arrêtait pas de vouloir coucher avec moi mais je lui disait toujours non. Il me disait «mais je croyais que tu m’appréciais, normalement quand on embrasse quelqu’un on fait ce genre de choses » il n’arrêtait pas de me répéter des trucs comme ça, j’ai fini par céder parceque sur le moment j’ai pensé que je n’étais pas normale de ne pas le faire. Dans le lit, je lui disait d’arrêter pcq ça me faisait mal, il essayait d’autres trucs mais n’arrêtait pas. On a fini par arrêter parceque visiblement il ne prenait pas de plaisir et moi non plus.. De plus, je lui disait de mettre un préservatif mais il me disait qu’il ne pouvait pas parceque son sexe n’était pas assez dur, je n’ai pas compris pourquoi mais il m’a quand même pénétrée.. Est-ce un viol ? Ou peut être est-ce ma faute ? Je me sens terriblement mal depuis et j’ai bien sûr pris la pillule d’urgence
Merci d’avance pour votre réponse

Réponse

Bravo car il t’a sûrement fallu beaucoup de courage pour nous écrire et il est important que tu puisses trouver des réponses aux questions que tu te poses !

Tout d’abord, tu racontes que tu as vécu un rapprochement avec un garçon parce que tu avais envie qu’il te réconforte en t’embrassant et en te prenant dans tes bras. Il est tout à fait légitime que tu aies envie de flirter avec un garçon et sache que tu n’as en aucun cas besoin d’aller plus loin si tu n’en a pas envie. Comme tu as su le faire, tu peux dire « stop » à n’importe quel moment dans la relation et ton partenaire doit l’entendre et arrêter ce qu’il est en train de faire. C’est ce qui s’appelle le respect du consentement.

D’un point de vue légal, il y a plusieurs choses à relever dans ton récit :

Tout d’abord, la loi suisse dit : « quiconque offre, montre, rend accessibles à une personne de moins de 16 ans ou à une personne sans y avoir été invité, des écrits, enregistrements sonores ou visuels, images ou autres objets pornographiques est punissable » (art. 197 du Code Pénal). Si tu ne voulais pas voir les vidéos pornographiques qu’il t’a montrées ou si tu avais moins de 16 ans lors des faits, il s’agit d’une infraction à caractère sexuel.

Ensuite, la loi suisse punit « Celui qui, notamment en usant de menace ou de violence, en exerçant sur sa victime des pressions d'ordre psychique ou en la mettant hors d'état de résister, aura contraint une personne de sexe féminin à subir l'acte sexuel » (article 190 du Code Pénal). Le garçon dont tu parles devait entendre et respecter tes « non ». Le fait qu’il insiste à plusieurs reprises jusqu’à ce que tu « cèdes » comme tu l’écris et qu’il puisse aller jusqu’à te pénétrer, représente aussi une infraction à caractère sexuel, et plus précisément un viol.

Au vu de ce que tu as vécu avec ce garçon et qui n’est absolument de ta faute, il n’est pas étonnant que tu te sentes terriblement mal et il est très important que tu ne restes pas seule avec ça. Tu as déjà eu une excellente réaction en allant prendre la pilule d’urgence. Y a-t-il maintenant un·e adulte de confiance dans ton entourage à qui tu pourrais en parler (ex : l’un de tes parents, psychologue, médiateur·trice ou infirmier·ère scolaire) ?

Cette personne de confiance pourra ensuite t’aider à prendre contact avec la LAVI du canton dans lequel tu es (saches que c’est également une démarche que tu peux faire toi, en étant mineure) : c’est un centre d’aide aux personnes ayant été victimes d’infraction. Les intervenant·e·s t’accueilleront gratuitement, confidentiellement, et pourront t’écouter, t’informer de tes droits et t’orienter vers des professionnel·le·s (par exemple, des psychothérapeutes ou psychologues) et te fournir des bons pour que tu puisses t’adresser à eux·elles gratuitement. Nous te joignons l’adresse des LAVI des cantons romands. 

En attendant, nous te conseillons également d'aller faire un test de dépistage afin d'exclure toute infection sexuellement transmissible. Pour cela, tu peux te rendre dans un centre de santé sexuelle de ta région. Nous te les mettons en lien.

Courage, tu es sur la bonne voie et nous restons à ton écoute,


Adresses utiles - ciao.ch
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Dernière modification le 4 septembre 2023

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