Question (Garçon / 2002)

J'ai rencontré ma copine il y a de ça environ 7 mois, c'est cliché, mais jusqu'ici ça marche très bien entre nous (personnalités compatibles + mêmes projets dans la vie).

Avant cela, elle a eu des exs, c'est normal et je m'en fiche, pour moi l'important c'est qu'elle soit heureuse et davantage satisfaite avec moi. Sur plusieurs années, elle n'a eu que deux histoires dont une assez sérieuse qui aura durée des années. Malheureusement, cette histoire ne s'est pas très bien terminée et les tords étaient partagés. Sa situation personnelle n'étant pas idéale, elle resta quelque temps chez son mari avec lequel plus aucun sentiment n'étaient partagés.

On arrive dès lors en ce début d'année, où elle reprit contact avec un ami de longue date pour qui elle avait déjà des vues à l'époque. Elle le trouvait mignon de visage et aimait sa personnalité, mais elle m'a avouée ne pas avoir été attirée par le reste de son corps, notamment parce qu'il était aussi petit qu'elle (1m57) et qu'elle s'était dite "je vais tenter de faire des efforts et passer outre pour sa personnalité". Elle savait donc dès le départ que ce n'était pas pour son potentiel génétique qu'elle s'était mise avec : un corps de brindille, en plus d'être petit. Son visage n'était pas particulièrement masculin (c'est pour ça qu'on ne rentre pas dans l'exemple de la rationalité du bad boy à mon sens).

Voyant la situation dans laquelle elle était, elle souhaitait devenir davantage indépendante et avoir droit à l'amour d'un homme. En recontactant donc cet ami de longue date, elle s'est rendu compte que lui aussi, des années auparavant il avait des vues sur elle. C'était donc un "match" parfait sur le papier.

Sa nouvelle histoire commence donc. Les premiers temps, elle pense avoir trouvé l'homme parfait. C'est l'amour idéalisé, l'amour de sa vie (vers la fin de l'année dernière).
Seulement, progressivement cet ex a montré des facettes de son visage qui la contrariait de plus en plus.

Voici une liste dans le désordre de ce dont j'ai pu avoir connaissance :

- Il avait envoyé un message copié-collé à plusieurs filles à la même époque (au début de leur relation) pour tenter de sortir avec, en vain (il n'a pas un physique de bad boy), elle s'en est rendue compte qu'à la fin de sa relation et a donc servie de bouche trou (littéralement)
- Il était resté sur des sites de rencontres et n'avait pas supprimé les applications de son téléphone
- Il souhaitait littéralement l'utiliser comme sex toy :
A coup de phrases : "j'aime pas quand tu pleures, je peux pas faire ce que je veux de toi"
Dès le premier rendez-vous il a souhaité coucher avec et était trop avenant
Les fois d'après quand c'était encore trop récent pour elle, elle céda lorsqu'il expliqua par A + B que son érection ne pouvait pas partir toute seule (ce qui bafoue en quelque sorte les valeurs de ma copine, puisqu'elle a accepté de coucher avec malgré le fait qu'elle trouvait ça trop rapide) - elle se sent sale d'avoir accepté cela
- Ses parents et lui-même refusaient de l'accepter si elle ne respectait pas certains principes. Il fallait par exemple qu'elle se fasse obligatoirement vacciner 3x sans quoi elle n'aura jamais pu les rencontrer, elle céda donc, à ça mais à beaucoup de choses alors qu'elle était absolument contre (et sortait peu)
- Il était trop autoritaire
- Il a fait croire à son précédent ex, qu'elle était tombée enceinte ; sans raisons apparente, visiblement juste pour embêter, mais lui s'en amusait
- Le père de ma copine avait rapidement cerné son ex (manipulateur et profiteur qui ne voulait que du cul). Son ex l'ayant compris, il a tenté de l'éloigner de sa famille
- Il s'est présenté comme son sauveur parce qu'il avait connaissance de sa situation compliquée, alors qu'il n'a fait que rendre cette situation plus complexe et profiter de cette faiblesse

Pour revenir sur le point 2 et c'est justement ça qui m’interpelle, sur la fin (donc entre janvier et mars), malgré toutes les contrariétés qui ne sont même pas une liste exhaustive, ils ont continué à coucher ensembles. Même si ce n'était pas non plus aussi régulier et pas par envie de prendre du plaisir pour ma copine, et ce, en plus de toutes ces raisons supplémentaires :

- Elle n'était plus attirée par lui, sur le plan psychologique ou physique
- Elle avait conscience au fond d'elle que ce n'était pas une bonne relation, qu'il n'y aurait pas d'avenir avec, ne partageaient pas les mêmes projets de vie (mariage, famille, etc.) et qu'il n'était donc pas fait pour elle (ils étaient aux opposés sur beaucoup de sujets, et une fois son vrai visage dévoilé elle ne l'appréciait plus, bien que tentait tout de même par déni de tout accepter)
- Elle avait peur de tomber enceinte et devoir avorter (elle n'aurait pas voulu d'enfants avec lui, alors qu'elle souhaites absolument un enfant avec la bonne personne), puisqu'elle ne pouvait pas prendre de contraception et qu'il ne se protégeait pas
- Il était sale, elle avait donc peur de chopper une infection
- Elle avait peur que si elle disait non pour ne pas coucher avec, qu'il la quitte. Alors que rappelons le, c'est ce qu'elle voulait (voulait pas passer pour la méchante de l'histoire, mais c'est triste d'accepter de livrer son corps quand l'échappatoire est à un mot près)

Lorsqu'elle m'en a parlée la première fois, je lui ai expliqué que c'était de l'abus. Elle me disait que non, qu'elle était consentante et qu'elle disait oui.

Dès lors mon incompréhension était énorme, j'ai donc cherché à comprendre pourquoi une femme accepterait de coucher avec son bourreau, alors même qu'elle n'en avait pas envie réellement et qu'elle avait peur de tout ce que j'ai listé précédemment.
Je lui ai expliqué que le "vrai" consentement c'est pas juste dire oui, mais en avoir envie.

Elle ne savait pas l'expliquer. Elle a fini par comprendre qu'elle était dans le déni et qu'en fait elle n'était pas consentante au fond d'elle, que ce n'était pas un vrai "oui". Qu'elle ne sait pas expliquer pourquoi elle continuait de coucher avec, mise à part qu'elle avait peur de la réaction des autres, de ne pas savoir ou aller habiter si elle le quittait, qu'elle avait l'impression d'être une "merde" vu qu'elle enchaînait les relations à problème, elle pensait que dans un sens, elle était inférieure à ce psychopathe notamment parce qu'il se glorifiait souvent et donc que ce n'était que ce qu'elle méritait.

Elle a conscience aujourd'hui qu'elle a tout laissée passer, que même si les 3/4 de sa relation était nocif dès le départ, elle laissait tout passer en espérant qu'il change, alors qu'elle savait qu'il ne changerait pas et qu'il ne partageait rien avec. Elle s'est sentie sale et exploitée, de ne pas s'être respectée et d'avoir offert son corps à ce qu'elle considère aujourd'hui comme un "sous-homme" (il était puceau avant elle et n'arrivait pas à trouver qui que ce soit de part son physique, en la manipulant il est tombé sur une vraie femme féminine/coquette qu'il ne méritait sur aucun point).

Avec le recul, elle avoue peut-être avoir pris le premier venu puisque c'était un ami qu'elle connaissait et qu'il semblait y avoir de l'attirance, au lieu de tenter de régulariser sa situation.

Elle se sent libérée d'avoir pu m'expliquer tout ça, ces émotions qu'elle refoulait et d'être sortie du déni. Les deux premiers jours ça a été compliqué pour moi, c'est pas très sain de parler des exs surtout quand ça touche aux sentiments et au sexe pour lesquels j'ai certaines valeurs. J'aurais préféré ne pas savoir certaines choses, elle a fait quelques "bourdes" malheureusement et donné des détails qu'elle pensaient péjoratifs alors qu'ils connotent autre chose à ne jamais dire à son copain, comme des détails sur la première fois avec qui était longue dû à son impuissance et lui avait provoqué des irritations après coup, ce qui ne change rien au fait de savoir qu'elle a par exemple pu prendre du plaisir pendant plusieurs heures même si elle s'est posées des questions sur sa désirabilité. C'est normal d'avoir pris du plaisir avec des exs, mais pas de connaître ces détails. Elle n'a pas réfléchit avant de le dire, pensant que c'était un argument de plus au fait que la relation était un "abus" dès le départ (ses mots), mais aujourd'hui on a dépassé ce stade.

Seulement voilà, même si on a dépassé ça et qu'on s'est d'ailleurs davantage rapprochés et confiés (il y a des bonnes choses à tirer de chaque épreuve), ce n'est pas pour autant que je comprends ses réactions à l'époque et la dimension psychologique derrière. Le pire pour moi ça a été de savoir tout ça et qu'elle m'explique qu'elle était consentante alors qu'il s'agissait d'abus, avant qu'elle comprenne que c'était sûrement du déni. Ma sœur a connu des situations semblables, mais je sais qu'une fois qu'elle avait compris que ce n'était pas un homme pour elle (qui lui était plutôt un vrai homme, armoire à glace etc qui pourrait facilement lui faire mal), elle a cessée d'accepter de coucher avec, accentuant encore plus mon incompréhension sur le fait que ma copine l'a accepté (pourtant très ressemblante à ma sœur mentalement et dans ses expériences).

Ma question est donc la suivante :

Pourquoi une femme continue "volontairement" (mais par dépit et faux consentement) de coucher avec un homme qu'elle souhaite quitter (alors même qu'il pourrait la quitter si elle refusait de coucher avec), sachant qu'elle ne partage plus rien avec, et qu'elle est angoissée avant et après chaque rapport pour les 5 raisons citées précédemment ? En quoi est-ce rationnel d'agir de la sorte, alors qu'il n'y avait aucun intérêt biologique derrière, qu'il ne la battait pas (il était faible, elle aurait même pu le mettre à terre) et qu'il aurait pu lui même la quitter comme elle le souhaitait si elle aurait dit non ?


Merci beaucoup et navré pour le long texte !

Réponse

Ce que tu décris de la relation de ta copine avec son ex est une relation d'emprise. Ce type de relation est très bien décrit dans la littérature et elle fonctionne exactement comme tu le dis. La description que tu en as faite est absolument parfaite.

Il est toujours difficile, pour les personnes prises dans ses relations, d'en sortir.

Et lorsque lorsqu'elles le font, elles ont souvent honte et ne comprennent pas elle-même, les raisons pour lesquelles elles sont restées dans des situations avec autant de souffrance.

Quand ensuite elles nouent de belles relations, c'est aussi très difficile pour les personnes qui les entourent de comprendre ce qu'il s'est passé.

Les personnes qui mettent les autres dans une relation d'emprise, les utilisent comme des objets et en réalité, n'ont aucun sentiment pour elles. C'est toujours très dur à accepter après.

Si cela t'intéresse, tu peux lire le livre de Marie-France Irigoyhen qui s'appelle "le harcèlement moral".

Cependant, nous pensons que le mieux pour toi serait de te concentrer sur le présent et le bonheur que vous partagez tous les deux.

À bientôt sur Ciao

Dernière modification le 1 septembre 2022

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