Témoignage de soutien et d'encouragements

Ce message n'est pas vraiment une question mais plus un message qui me tient à coeur de partager.
Je viens de lire le message d'une fille de mon âge, qui se scarifie depuis qu'elle a 15 ans. Ce message lui est dédié à elle mais aussi à toutes les personnes souffrant de cette addiction.
J'ai 19 ans, j'ai commencé à me scarifier quand j'avais 11 ou 12 ans mais contre toute attente, alors que je ne m'en pensais incapable, je crois que j'ai réussi à me défaire de cette addiction il y a un peu moins d'un an. (je dis je crois car il y a des moments où j'en ai encore envie mais je ne craque pas)

Au début, je le faisais car j'avais envie de mourir. Avec le temps, j'ai réussi à me défaire de cette envie de mort mais pas de la scarification. Comme la fille à laquelle je réponds, je ne faisais plus ça pour me tuer mais pour me soulager. Paradoxalement, ça me faisait énormément de bien. Je passais des cris intérieurs et de la gorge nouée à un sentiment de soulagement et de plénitude intense. Sentir le sang couler sur mes cuisses plus fort et plus vite que mes larmes était une sensation libératrice. J'ai essayé beaucoup de fois d'arrêter mais c'était toujours pour faire plaisir aux autres alors forcément, quand ça n'allait pas du tout, je fixais ce tiroir dans lequel il y avait les lames que j'utilisais et je craquais.

Il y a 2 choses qui ont participé à mon déclic : la première c'est l'esthétique. La génétique m'a gâtée, j'ai un joli corps et pourtant je l'ai tellement enlaidit. Heureusement, j'ai appris à vivre avec car elles font partie de mon histoire, quand je regarde mes cuisses je n'ai pas de regrets, je ne me blâme pas mais c'est vrai, qu'objectivement, sans ces coupures je serais "plus belle".

La deuxième chose qui a pesé dans la balance c'est que je me sentais faible. J'en avais marre d'être une "chochotte" qui cède à ses pulsions destructrices. C'est vrai, il n'y a rien de mal à être faible mais j'en avais marre d'avoir cette vision de moi, de la nulle qui n'arrive pas à décrocher. Je me sentais comme une toxicomane incapable
(à cause de mon géniteur accroc au crack j'ai une vision très mauvaise des toxicomanes, ce sentiment que j'ai envers eux n'est pas sain mais c'est pour expliquer pourquoi cette vision a tant joué dans mon décrochage).

J'avais envie de devenir une meilleure version de moi-même et je crois que j'ai réussi.
Conclusion, si tu as envie d'arrêter mais que tu craques à chaque fois, ne panique pas. Il m'a fallut 6-7 ans pour m'en sortir. Il y a des fois où t'arriveras pas à résister, c'est vrai, et quand tu regarderas tes cicatrices, tu te sentiras nul/le parce que tu ne verras que les fois où tu as craqué. Ne t'arrêtes pas là pour autant. Note dans un petit carnet les fois où tu réussis à te contrôler, essaies de te battre le plus fort que tu peux, tu verras que peu à peu, le nombre de petites coches sur ton carnet va grandir et ça te permettra d'être fier/e de toi et à raison. Trouve aussi un moyen d'expression, ça fait beaucoup de bien. Pour moi, ça a été l'écriture mais peut-être que toi tu seras plus dessin, danse, chant, sport ou n'importe quoi d'autre. Parler à des proches aide beaucoup mais ça peut ne pas être suffisant alors essaye de trouver quelque chose qui te correspond. Sois fort/e et tu verras qu'avec le temps, tu trouveras des moyens plus sains de te soulager. N'oublie pas, la scarification, comme toute addiction ne te fais du bien qu'à court terme et empire le long terme.

Merci d'avoir pris le temps de tout lire. Je t'envoie tout mon courage, mon soutient et j'espère que comme moi, tu arriveras à t'en sortir.