Monte le son, monte le son s’il te plaît
Mets le volume dans l’tapis, déchire moi les tympans
Ce soir, j’ai des pulsions meurtrières contre mes pensées
Monte le son j’te dis, que je les étouffe, les noie, les efface
Que je les pulvérise à grands coups de notes et d’accords
Que je les lacère de ma voie bancale qui sait pas aligner deux notes justes
Laisse la musique s’écraser contre le pare-brise de la voiture
Faire sauter les relents aigres de mes pensées périmées qui flottent dans l’habitacle
Augmente encore, toujours plus haut, toujours plus fort
Rends moi sourde, que les acouphènes me vrillent le crâne et remplacent les :
« T’es qu’une incapable, irresponsable
Tu réfléchis pas assez, ou trop vite, tu fais tout de travers
Tu prends trop de place, ris trop fort
Fais pas ta fillette, arrête de fuir, espèce de lâche à la con
Personne veut de toi, jamais à la hauteur, pas fiable
Tue toi à petit feu
Souris, on te dit, t’as pas le droit d’avoir mal
Cache tes sanglots de faiblarde, on veut pas de tes émotions dysfonctionnelles »
Fais pas attention aux larmes qui se courent après sur mes joues, ça s’appelle la gravité
J’y peux rien moi si la tristesse aussi obéit aux lois de la physique
C’est pour ça qu’il faut que tu montes le son
Pour remplir chaque vide, blanc, bulle d’air où mes pensées pourraient s’implanter
Et grandir, grossir telles une colonie de parasites, bactéries et autres bestioles à la con
J’veux égorger le silence, l’étriper, en faire un vacarme, un concert
Que le monde entier sache que c’est dans le silence qu’on débutées toutes mes crises d’angoisse
Et que j’ai une dette personnelle à régler avec lui, que c’est pour ça que je parle constamment
Pour ne lui laisser aucune fenêtre d’action, aucune tentative d’invasion avec ses pensées houleuses
Tu sais, il y a qu’une chose qui me retient agrippée, les doigts tremblants mais toujours serrés sur le fil de la vie
Une seule chose
Écrire
Écrire comme vaccin contre la folie
Écrire contre les vagues sales et rugissantes qui te lavent le cerveau par salves de « T’en vaux pas la peine »
Écrire pour affronter la neige qui te glace le cœur au beau milieu de juillet
Écrire pour remplir avec des litres d’encre le silence qui bourdonne aux creux de tes oreilles
Écrire tout le temps, partout, toujours, au cœur de la nuit, dans le bus, en cours
Écrire parmi la foule, cri silencieux d’un cœur orphelin
Mais, ce soir, j’sais pas ce qu’il y a, ça a pas fonctionné
J’ai essayé, j’te jure, tu m’as vue sortir mon téléphone, et essayer de taper frénétiquement, tout en me battant contre la cacophonie de mon esprit
Mais j’arrive pas à aligner des phrases qui tiennent la route, mes mots glissent, superficiels, insaisissables
Ça tourbillonne fort dans ma tête, beaucoup trop fort, ça tangue
J’crois qu’à force de me bourrer la gueule à coups de poèmes dissonants et de textes bancals
J’y vois plus rien, j’stature
Alors il me reste plus que ça, tu vois ?
Tu comprends maintenant ?
Il faut que tu montes le son, c’est un besoin, une nécessité, c’est viscéral
La dernière barrière, le garde fou qui me retient de sauter
Peut-être même que si tu pousses le volume assez fort, j’deviendrai sourde
Coupée du monde, du vacarme de mes pensées destructrices
Augmente ce putain de son, s’il te plaît, me laisse pas succomber, pas maintenant, pas ce soir
J’veux sentir mon coeur résonner, battre avec le tempo de la musique, histoire de me rassurer, de me dire « T’es encore vivante »
J’veux me déchirer la gorge à grands coups de refrains stupides et de paroles que j’connais même pas
J’veux me saouler de ces notes, de ces mélodies, m’épuiser, me vider
J’veux m’éteindre au milieu du chaos, pour me réveiller demain avec la gueule de bois de l’alcool que j’ai même pas consommé
Allez, je t’en supplie, quelques décibels de plus, juste ce soir, promis…

Réponses

  • Par Notos (Fille / 2010 / France) le 8 décembre 2025 à 20:58

    C’était plus fort que moi,
    J’ai pas pu m’arrêter, essoufflée,
    mes poumons vidés d’air.
    Le temps s’est arrêté,
    tes mots, tes phrases ont résonné comme une chanson, un cri,
    des milliers de cris me vrillants les tympans, m’appelant,
    Mes oreilles fatiguées, mais avides d’entendre toujours, de monter le son aussi, le plus fort possible,
    A la fois comme une douce mélodie,
    A la fois comme une révolte grondant, grandissant dans mon cœur,
    Dans ma tête,
    Dans mon corps,
    Je t’entends, je te sens,
    tu tremble et je tremble en même temps,
    De cette force inconditionnée qui nous retient,
    qui nous malmène et pourtant ne nous lâche pas.
    Je te vois, je te crie en retours, si fort, si bruyamment, et pourtant, j’ai peur que tu ne m’entendes pas.
    Le vent souffle fort sur tes paroles, le feu rugit à chacun de tes mots, le chaos se déchaîne un peu plus dans ma tête, violent,
    Ou sommes nous ? Qu’écrivons nous ?
    Les cris de nos coeur
    Les battements de notre vie
    Notre force réduite au silence,
    mais nous sommes là
    Nous sommes là et nous crions,
    Nous sommes là et nous pleurons,
    Nous sommes là et nous regardons,
    Le monde autour de nous,

    Nous sommes là.

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