L'année des sodas allégés et des gelées sans sucre,
On s'enfilait des litres d'eau vitaminée et de vodka,
On trinquait au lycée et à la survie,
On se complimentait sur nos cuisses.
On essayait des régimes trouvés sur internet ;
Cigarettes mentholées, manger devant un miroir, donner son sang,
On remplaçait les repas par d'autres passe-temps pratiques comme faire des couronnes de fleurs ou s'évanouir.
Je me demande pourquoi je n'ai pas mes règles depuis des mois,
Ou pourquoi le petit-déjeuner a un goût de renoncement,
Ou comment j'aurais pu occuper ma journée autrement qu'à chercher le nombre de calories dans la colle d'une enveloppe américaine.
Je regarde America's Next Top Model comme si c'était la parole de Dieu.
Je suis penchée nue sur la balance, en train d'essayer.
Je pleure dans un bol vide de céréales parce que je ne me sens belle que quand j'ai faim.
Si tu ne te rétablis pas, tu es en train de mourir.
À 16 ans, j'avais déjà connu le surpoids, l'insuffisance pondérale et l'obésité. Enfant, le premier mot qu'on utilisait pour me décrire était « grosse », ce qui ne m'offensait pas jusqu'à ce que je comprenne que c'était le but. Quand j'ai perdu du poids, mon père était si fier ! Il a commencé à garder ma photo avant/après dans son portefeuille. Il était tellement soulagé de ne plus s'inquiéter que je développe un diabète. Il a vu un reportage sur l'épidémie d'obésité. Il a dit qu'il était tout simplement ravi de me voir enfin prendre soin de moi.
Si vous développez un trouble alimentaire alors que vous êtes déjà mince, vous allez à l'hôpital.
Si vous développez un trouble alimentaire alors que vous n'êtes pas mince au départ, c'est un succès.
Alors, quand j'ai maigri, bien sûr, tout le monde m'a félicitée d'être en meilleure santé.
Des filles de mon école qui ne m'avaient jamais adressé la parole auparavant m'arrêtaient dans le couloir pour me demander mon secret.
Je dis : « Je suis malade. » Ils répondent : « Non, tu es une source d'inspiration. » Comment ne pas tomber amoureuse de ma maladie ? De devenir cette silhouette dont on est censé tomber amoureux ? Pourquoi aurais-je voulu cesser d'avoir faim alors que l'anorexie était ce qu'il y avait de plus intéressant en moi ?
Alors, quelle chance d'être ennuyeux ! Comme ne pas aller à l'hôpital, c'est ennuyeux. Comme regarder une pomme et n'y voir qu'une pomme, et non soixante ou une demi-heure d'abdominaux, c'est ennuyeux. Mon histoire n'est peut-être plus aussi palpitante qu'avant, mais au moins, il n'y a plus rien à compter. Le calculateur dans ma tête s'est enfin arrêté.
Avant, j'adorais la sensation de boire de l'eau l'estomac vide, attendant que la fraîcheur m'atteigne au fond du puits ; non pas obsédée par la faim, mais hantée par la satiété. Avant, j'étais fière d'avoir froid dans une pièce chaude. Maintenant, je suis fière d'avoir cessé de me faire du mal. Cette année, j'ai mangé quand j'avais faim, sans me punir ; Et je sais que ça paraît ridicule, mais c'est vraiment difficile. Quand j'étais petite, on me demandait ce que je voulais faire plus tard, et je répondais : « Petite. »

https://youtu.be/rF5j6NlGND0?si=9G3mHl_aZGyL_PvM

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