Mon passé (receuille) (2 poèmes)

Souvenir (alexendrins)

J'avais cinq ou six ans, je ne sais plus très bien,
Tout se brouille aujourd’hui dans l'ombre de ma tête,
Un malaise, un frisson, la conscience en défaite,
Et j’ai cru que la fin me prenait par la main.

Des rideaux noirs tombaient, voilant toute lumière,
Le monde me parlait, mais si loin, si brisé,
Un écho confondu, un brouhaha glacé,
Un silence enfermé sous une voix de pierre.

Mon sang s’est arrêté dans le creux de mes veines,
Mon corps ne parlait plus, figé dans l'abandon,
Je me suis vu tomber, sans cri, sans un pardon,
Je suis parti d’un coup, avalé par mes peines.

J’ai vu des visions floues, des images sans fin,
Peut-être des souvenirs, ou bien un beau leurre,
Peut-être un rêve mort, broyé par la douleur.
Mon jeune esprit tordait la réalité, plein.

Ces secondes figées, paru m'être des heures,
Des heures sans lumière, sans nom, sans couleur,
Un vide suspendu, arraché à mon cœur,
Où flottait le néant, sans contour, sans demeure.

Je venais d’un endroit rempli de murs en vert,
Dinosaures rient sur les murs pour rassurer,
Des animaux peints par là, pour faire oublier,
Un monde accueillant, mais sous un ciel de désert.

Mais la nuit… la nuit froide avalait les visages,
Des machines bipaient, rythmant l’agonisant,
Les pas des médecins traversaient le néant,
Et l’ombre m'enfermait dans son propre langage.

Des alarmes criaient comme des hurlements,
Des lits se refermaient sur des corps impuissants,
Et dans ces chambres-là, trop loin de tous les chants,
Je vivais un enfer que vivent les enfants.

Deux amis m’ont souri, deux lumières, je crois.
Leurs noms, ils se sont noyés dans l’eau de l’oubli,
Leurs visages floutés s’effacent à l’infini,
Mais je sais qu’ils étaient le seul éclat, ma fois,

Trois mois… trois mois plus tard, ils n’étaient plus ici,
Et j’ai changé de vie, mais pas sans un blocage,
Le souvenir s’est tu, caché dans un nuage,
Comme si tout mon cœur refusait ce récit.

Je ne me souviens plus de leurs jeux, de leurs voix,
Je ne revois que brume et morceaux mal collés,
Tout se fond dans la peur, en rêve morcelé,
Mais la terreur, elle, ne me quitte, tel loi,

Quand, corps tombe à terre, je revis tout d’un coup,
J’entends à nouveau les cris, les pleurs, les alarmes,
Je revois son visage, et ses yeux pleins de larmes,
Je sens le souvenir me frapper jusqu’au bout.

Quand on pique ma peau, mon esprit se replie,
Je revis ces instants, perfusions, tubes froids,
Et le passé revient, dans des éclats sans toi,
Comme si mon cerveau refusait qu’il oublie.

Une brume opaque qui danse dans ma tête,
Aube qui s’efface avant d’avoir existé.
En un réveil sans contours, un rêve avorté,
Mais cette terreur vecu… je la sais concrète.

Ces pleurs, ces cris, ces morts, ces visages si las,
Ces enfants oubliés, ces douleurs sans mesure,
Tout cela fut réel — inscrit dans ma blessure,
Et je vis avec eux, même s’ils ne sont plus là.

Pourquoi cette douleur ?
(Octosyllabique)

Pourquoi durant la nuit je pleure ?
Pourquoi en moi tant de terreur ?
Parce que j’ai peur de flancher,
Peur du passé à raviver.

J’ai vu la mort de bien trop près,
À l’âge des billes, du lait.
J’y ai cru, seul, sans un regret,
Sauf de m’être levé, jamais.

Oui, je pleure quand vient la nuit,
Mais je souris même si j'fui,
D’un masque vide à l’intérieur,
Je joue le rôle d’un acteur.

Je me réveille avec l’oubli,
Et je me couche sans envie.
Coupable même d’exister,
Je regrette d’être resté.

Je vis avec mes vieux remords,
Et je danse autour de la mort.
Je suis debout, bien que brisé,
Non pour moi, mais pour exister.

Pas pour toi, ni pour mon reflet,
Mais pour demain, pour m’y trouver.
Tant de choses laisser ici
Avant que l'heure soit finie.

Oui, mon passé m’a fracassé,
Mais je peux pas cesser d’aider.
Je ne peux partir sans donner,
Sans réparer, sans apaiser.

Même si j’ai détruit des vies,
J’en sauverai, j’en ferai crie.
J’éteindrai mes fautes en feu,
Pour faire jaillir un peu bleu.

Oui, j’ai peur, j'ai peur, vraiment peur.
Peur de tomber sans leur honneur.
Peur de finir sans leur donner,
Peur de mourir sans racheter.

"Un garçon qui vie avec le remord
Mais qui dense avec la mort"

Réponses

  • Par Plante123 (Fille / 2012 / France) le 9 juin 2025 à 16:21

    Bravo. Ils sont vraiment magnifiques. C'est tellement beau ce que tu écris....

  • Par Compte supprimé (Garçon / 2010 / Réunion, La) le 9 juin 2025 à 17:08

    C exceptionneeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeellllllllllllll

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