La mer, les maux, les mots - Rimz16

C’est toujours ceux qui promettent de rester
qui partent les premiers.
Toi t’as juré d’être là,
puis t’as disparu
comme un mensonge qu’on efface sans même s’excuser.
Même pas un mot.
Même pas un regard.
Juste ce vide
qui parle à ta place depuis.
Il parle trop.

J’te jure, je m'étais promis
De jamais toucher à cette merde.
L'alcool. Mais faut croire que,
Personne ne tiens jamais vraiment ses promesses.

J’avais vu ce que ça faisait.
Ma belle-mère, bourrée, qui frappait pour exister.
Et moi, gamine, planquée derrière une porte
à me dire que j’boirai jamais.

Et pourtant, j’ai pris le premier verre,
Qui me passait sous la main.
Par ce qu'au fond il restait plus rien.

Un fond de verre,
comme un fond d’air quand tu respires plus.
Un poison doux.
Une trahison de moi-même.
Mais toi t’étais plus là,
alors j’me suis trahie aussi.
Par équilibre, j’imagine.

J’suis partie marcher jusqu’à la mer.
La nuit.
Y’avait plus de bruit,
juste les vagues qui font semblant d’apaiser.
Mais j’suis pas tombée dans le piège.
La mer, c’est beau quand t’es à la surface.
Mais moi, j’ai toujours nagé avec des pierres dans les poches.

J’regardais l’eau,
et j’pensais à toi.
À la façon dont t’as laissé nos souvenirs s’échouer
comme des bouteilles vides sur le sable.
Toi, t’as jeté l’amour comme on jette une clope,
sans penser à celui qui la reçoit encore allumée.

Et maintenant j’suis là.
Saturée de silences,
habillée de manque.
Les autres voient rien,
mais à l’intérieur, j’me tiens à peine.

J’ai bu, ouais.
Et j’en suis pas fière.
Mais c’est ça, ta trace.
C’est ça qu’il reste
quand quelqu’un te promet la lune
et t’laisse seul face aux marées.

Depuis que tu tes tiré,
J’vois les jours passer,
comme des vagues qui m’effleurent sans me mouiller.
Moi j’suis restée sur le rivage,
immobile,
pendant que le monde continuer de tourner.
Sans moi.

– Rimz16