Je veux vivre

Je ne sais pas pourquoi je veux parler de ça aujourd'hui. J'aurais pu en parler il y a des mois et je pourrais en parler dans des années. Mais aujourd'hui, je veux en parler. Je ne veux plus que tout ça soit dans ma tête. J'ai besoin de mettre des mots sur ça.
Il y a 4 ans, je me suis faite une promesse. Je me suis promis que j'allais tout arranger. La vérité, c'est que j'en suis incapable.
Il y a 4 ans, il s'est passé un évènement qui a brisé quelque chose en moi, qui m'a forcé à grandir trop vite, à comprendre des choses trop lourdes et trop dures pour une fillette de 9 ans.
Il y a 4 ans, mon frère a révélé un secret énorme qu'il avait au fond de lui depuis 2 ans. Une personne lui avait fait quelque chose d'horrible…
C'est à ce moment là que tout à basculé. Mon frère a été déscolarisé et il s'est enfermé dans sa chambre. Il en sortait rarement. Je ne le voyait presque plus. Ma mère est tombée en dépression, elle pleurait tout le temps…
Et moi, je supportais pas de les voir souffrir comme ça autour de moi. Ca me rendais complètement folle. Je me sentais comme déconnecté de la réalité. Spectatrice de ma propre vie. Alors je me faisais du mal. Je me griffais, je me jetais contre les murs. Pour me "réveiller", pour me sentir "vivante". Mais ça n'avait aucun effet et ce sentiment d'impuissance par rapport à mon état me mettait hors de moi. Je voulais que la douleur disparaisse. Il n'y avait pas assez de place pour elle dans ma tête. Elle était trop grande. Trop violente.
Je voulais tout réparer, arranger les choses. Je voulais revoir mon frère, voir ma mère sourire, entendre à nouveau mon père faire une blague. Je voulais retrouver la joie. Alors j'ai écris 5 règles. 5 règles que je porte chaque jour autour de mon cou, dans un médaillon.
Ne montres pas que tu as mal.
Souffres en silence.
Ne pleures jamais.
Souris toujours.
Et surtout, ne lâche rien.
C'est devenu ma ligne de conduite. Je voulais tellement les aider. Les guider. J'ai finit par me détruire un peu plus moi même.
Et aujourd'hui, je n'ai plus aucune raison d'aller mal. Mon frère va beaucoup mieux. Ma mère a changé mais elle aussi va de mieux en mieux chaque jour. Mais moi non.
Car encore aujourd'hui, il y a cette voix dans ma tête. Cette voix dont je n'avais parlé à personne jusqu'à aujourd'hui.
"Tu le savais. Mais t'as rien dit... T'as préféré oublier. Espèce de lâche."
Car c'est ça le plus dur, savoir que j'aurais pu l'aider. Mon frère m'avais révélé ce qu'il s'était passé. Mais j'avais oublié. J'avais préféré oublier. Parce que ça me faisait trop mal de savoir. Et quand je me suis souvenue, il était trop tard. Je m'en veux terriblement pour ça. D'avoir fermé les yeux alors que mon frère avait besoin de moi.
Mais je veux y croire. Je veux croire que quelque chose de beau m'attend quelque part. Et même si parfois, j'en ai marre de combattre les ombres, de tâtonner pour trouver une lumière que je désespère d'apercevoir un jour, je m'accroche. Et j'avance. Même si chacun de mes pas risque de me faire tomber. Même si chaque pierre sur mon chemin me fait vaciller. Même si parfois, il m'arrive de tomber. Parce si j'ai bien une certitude, c'est que je veux vivre.