Je deviens la pire version de moi-même

Réponses

• Par Juste_un_type (Garçon / 2006 / France) le 30 octobre 2023 à 17:38

  Salut !
  J'ai vu ton message ce matin, mais j'avais pas grand chose à dire. Je me suis dis "Bah, un autre répondra mieux que moi".
  Vu que y'a toujours pas de message, je me dis "vaut mieux une réponse nulle que pas de réponse".

  J'ai pas 18 ans.
  Tu n'en as rien à faire mais ça joue son importance.
  Depuis environ la seconde (au Canada, ça correspond à l'année scolaire de tes 15-16 ans), je suis littéralement un PNJ.
  Ma métaphore n'est pas anodine. Depuis donc 3 ans, je ne fais littéralement rien de mes journées, à quelques exceptions près.
  Je n'ai jamais fait de soirée, d'ailleurs avec qui ? On ne peut pas considérer mes camardes comme mes amis.
  Je me lève chaque matin car il le faut, pas parce que j'en ai envie.
  Au lycée, ça va mal. J'ai tenté l'expérience, si je travaille, j'ai de moins bonne note qui si je ne fait rien. Mais comme je ne fais rien, j'ai quand même des notes largement en dessous de la moyenne.
  À chaque fois qu'on me parle d'avenir, je réponds "C'est dans longtemps !". Ça fait plusieurs années que je reporte à demain mon avenir. Un jour, je vais me le prendre en plein la figure.

  Des fois, je me lance dans des projets trop grands pour moi. Au mieux, je tiens 3 jours. Après, j'abandonne. De toute façon, y'a des gens talentueux qui le font depuis plus longtemps et bien mieux que moi.

  J'ai eu peur du changement depuis des années. Maintenant, je me dis que changer quelque chose de nul, au final, ça ne peut que s'améliorer. Alors je repousse mon changement à plus tard.

  À chaque citation inspirante, je me dis que je dois changer ma vie. Je cligne des yeux, et ma motivation disparaît.
  "Si tu n'avances pas, tu recules", déjà que je suis en retard, alors si en plus je recules..
  "L'important n'est pas ce que tu es mais ce que tu as envie d'être". C'est important d'être chômeur car personne ne voudra bosser avec moi ?

  Je suis tellement éloigné de ma vie que j'ai divisé la population. D'un côté, ceux qui réussissent. D'un autre, moi et les autres. Je me dis que c'est ainsi, qu'on peut pas changer.
  En cherchant des raisons, je me suis dis que c'est à cause de ma famille. Non. À cause de mes fréquentations. Non. À cause d'internet. Non. À cause des jeux vidéo. Non. À cause de l'école. Non. C'est simple. C'est ma faute à moi.

  Je considère que tout est plus simple pour les autres. Que y'a qu'à moi que c'est difficile.
  J'envie et haïs ceux qui réussissent mais ce n'est pas pour autant que je fais des efforts.
  Je suis celui qui dira "Trop facile" lors d'un truc où j'ai pas participé.
  Ce n'est jamais ma faute, et pourtant, je suis le plus coupable de ma vie stupide.

  C'est là qu'arrive le plus ironique.
  J'attends mes 18 ans.
  Pensant que ma majorité va me transformer comme par magie. Que la veille de mon anniversaire, une fée viendra et paf ! Je serais de ceux qui réussissent. C'est idiot. Tellement idiot que j'ai fini par y croire.
  Mais on ne se sort pas d'une plongée sous marine d'un coup, il faut y aller par étape.
  Remonter doucement. De toute manière, le temps est fourbe et je ne serais jamais le meilleur. Alors autant allez à ma vitesse.
  Alors oui, je vais prendre un milliards de fois plus de temps que les autres pour faire quelque chose, mais tant pis.
  Il n'y a pas de mauvaise version de toi-même. Il y a seulement différentes versions d'une même entité, toi.
  Oui, remonter est plus difficile que descendre. Y'a la gravité qui nous pousse vers le bas. Mais l'homme a réussi à atterrir sur la Lune. Pourquoi on pourrait pas atteindre la surface ?
  Oui, ça va être long, chiant, lassant, mais c'est avec un pas que commence le plus long et le plus merveilleux des voyages.
  Faut que je réapprenne à marcher. Quand j'étais petit et que je tombais, je me disais pas "C'est mort, je marcherais pas à 2 pattes, trop dur". Non, j'avais mal mais je me relevais quand même. Et je mettais un pas avant l'autre. Doucement. Et j'ai appris à marcher. Puis à marcher vite. Puis à courir. Si mon petit moi à réussit, franchement, mon moi du présent peut aussi réussir.

  Et si je réussis, alors l'humanité peut réussir. Même toi.
  Même tout le monde.
  Un pas et après un autre pour aller à un endroit précis, c'est comme ça qu'on avance.