Et pourtant je vis (recueille) (4 poèmes)

Dans l'absence (alexandrins)

J’ai traversé des nuits qu’aucun mot ne décrit,
Où l’on devient silence, où l’on devient absence.
Je portais dans mes os la forme d’une offense,
Un cri noué si fort qu’il me volait l’écrit.

On m’a cru trop brisé pour marcher dans le vent,
Trop sombre pour les jours, trop seul pour l’équilibre.
Mais j’ai gravé des murs, doigts nus, pour être libre,
Et même à genoux, j’étais présent, survivant.

J’ai vu partir les miens sans même un au revoir,
La vie choisir les cœurs qu’elle voulait punir.
J’ai pleuré de rester, sans vouloir revenir,
Je portais leur silence au fond de mon miroir.

J’ai douté de mon nom, de ce que je valais,
Quand chaque pas semblait condamner l’existence,
Et que mes rêves morts buvaient mon espérance,
Comme un feu qui s’éteint dans un souffle trop laid.

Mais malgré les éclats de verre dans mes veines,
Je me lève encor, lentement, et maladroit,
Le monde est si dur, mais moi, je tiens droit, parfois,
Avec mes cicatrices en guise de chaînes.

Le mal qui reste (octosyllabique) (quadracte)

Il pousse en moi comme un poison,
Discret, tapi sous les silences,
Je sens ses crocs, je sens son nom,
Il m’use, il forge ma présence.

Il grandit quand la nuit s’endort,
Quand plus personne ne me touche,
Un feu glacé, un cri trop fort,
Qui me consume et me découche.

On croit qu’il dort quand je souris,
Mais il me parle au creux du crâne,
Il me récite ce que j'fuis,
Et peint mes jours d’encre profane.

Il ronge ce que j’ose aimer,
Et me rappelle mes absences,
Il fait de l’ombre un lit fermé,
Où gisent dernières défenses.

Il est ce poids que l’on ne voit,
Ce sac de nuit sur mes épaules,
Il vit en moi, il vit de moi,
Et sous ma peau, il pose ses rôles.

Je lutte, oui, mais ce mal persiste,
Il change de forme, et se glisse,
Dans chaque instant qui moi m’existe,
Il sème l’ombre et l’injustice.

Mais je ne suis pas que sa voix,
Je suis encor debout, malgré
Ce mal qui me cogne et m’ébroie,
Ce mal que si souvent, je tait

Qu’il vienne encor, qu’il me défie,
Je ne plierai pas demain,
Car dans mes ruines, j’ai bâti
Le droit de vivre avec mes mains.

Ce que je donne (octosyllabique)

Les jours se tent, lents et sans fin,
Mais le temps court, file et s’efface.
Les yeux s’éteignent, changent, pace,
Et je me perds dans ce matin.

Les souvenirs s’en vont, si lents,
Comme un murmure qu’on oublie,
Et moi, j’offre, sans ce mépris,
Sans qu’un seul mot ne soit brûlant.

Mon cœur s’allège d’un peu d’eux,
Il bat encor, plein de tendresse,
Même si l’absence le blesse,
Il reste calme, il reste bleu.

Je tends la main, je donne encor,
À ceux qui tombent, ceux qui pleurent,
Sans demander le moindre cœur,
Face au vide, face à la mort.

Je suis celui qui reste là,
Quand les regards se détournèrent,
J’apaise en vain, mais je préfère
Perdre pour qu’un autre ait ses pas.

Je n’espère pas de retour,
Je ne réclame aucune gloire,
Je ne vis pas pour la victoire,
Mais pour offrir, jour après jour.

Miroir vide (octosyllabique)

On me sourit comme on s’excuse,
On m’appelle « fort », « beau », « sincère »,
Mais dans les yeux, rien ne s’amuse,
Rien ne s’accroche, rien de clair.

On m’aime bien, mais de bien loin,
Juste assez pour n’pas s’attacher.
On m’offre un mot, un doux témoin,
Mais jamais rien pour exister.

Je suis ce nom qu’on dit en vague,
Ce cœur qu’on flatte sans le voir.
On dit que j’aide, que je drague
La solitude, et puis le noir.

On me répète que je compte,
Mais personne reste vraiment.
J’ai l’impression d’être une honte
Dès que j’espère un sentiment.

Même moi je ne sais plus trop
Qui je suis, ni ce que je vaux.
Je donne tout, et puis je broie
Ce que je suis sous l'idéaux.

"Un garçon qui, sans qu’on le voie,
Offre tout, mais ne reçoit pas."

Réponses

  • Par Plante123 (Fille / 2012 / France) le 31 mai 2025 à 18:53

    MAGNIFIQUE 😀😀!!!!!!!!!😀😀Ne t'arrêtes JAMAIS d'écrire sérieusement. T'as ça vraiment dans le sang et tu peux en être fier. Bravo.

  • Par Etan (Garçon / 2009 / Suisse, Autres cantons suisses) le 31 mai 2025 à 20:00
    En réponse à Plante123
    MAGNIFIQUE 😀😀!!!!!!!!!😀😀Ne t'arrêtes JAMAIS d'écrire sérieusement. T'as ça vraiment dans le sang et tu peux en être fier. Bravo.

    Mrc c'est gentil 🫶

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