Est-ce que quelqu'un pense comme ça aussi ?
Je vous fait un copier-coller d'un message adressé sur ontécoute, parce que ça m'intéresse d'avoir des avis différents.
Je sais pas vraiment par où commencer.
Désolée d'avance, je vois venir déjà le pavé que je vais écrire, décousu, pas clair.
Ça fait depuis novembre passé environ que je commence à me poser des questions que je m'étais jamais posées avant. À avoir des réflexions aussi beaucoup plus deep que tout ce que j'avais déjà pensé. Principalement autour de la mort.
J'ai cette impression qu'en fait, la vie c'est juste l'entracte de la mort. Rien avant, rien après, juste une petite pause au milieu, avant de replonger. L'impression que la société n'est qu'un leurre pour nous faire oublier qu'on finira tous par crever un jour. Que les gens continuent à faire semblant de pas comprendre, à vivre en s'adaptant à cette vie absurde juste parce que nos ancêtres l'ont construite ainsi. Qu'ils ne se rendent pas compte que dans cent cinquante ans il ne restera plus aucun de nous sur Terre.
J'ai l'impression que tout ça ne sert à rien. Les études, la vie sociale, la musique, tout. Je suis la première à tomber amoureuse d'un texte et pourtant, les mots ce ne sont que des enchaînements de sons auxquels on a donné un sens.
Souvent je me dis que naître est la pire chose qui ait pu m'arriver. Que je préférerais être déjà morte plutôt que de devoir attendre avec appréhension cette mort qui m'effraie. Plus j'approche de la mort et plus j'en ai peur. Plus j'avance dans ma vie, plus elle me dégoûte et me terrifie. Je suis là, coincée entre cette haine de la vie et la terreur de la mort.
J'ai commencé la philo cette année, le prof nous a donné un carnet pour qu'on y écrive nos pensées, comme Pascal. Mais c'est dur de trouver les mots pour décrire des pensées et des concepts.
En cours on parle d'Épictète. Il écrit qu'on ne doit pas redouter ce qu'on ne maîtrise pas, comme la mort par exemple. Il dit que la vie, c'est comme une île sur laquelle un bateau s'arrête pour qu'on aille y puiser de l'eau (besoins vitaux). Sur le chemin, on peut s'arrêter pour ramasser des coquillages et des oignons (plaisirs de la vie, musique, amour etc.) (oui des oignons, wtf il avait fumé la moquette en écrivant ça). Il dit de prendre garde de ne pas trop s'éloigner du bateau, surtout si l'on est vieux, au cas où le capitaine appellerait (mort) ; il faut qu'on soit assez proche pour l'entendre et se hâter de rejoindre la bateau. Moi, je me dis : si les coquillages et oignons ne m'intéressent pas, si je pense que ce ne sont que des choses inutiles, pourquoi ne pas remonter directement dans le bateau, et ainsi éviter de manquer l'appel du capitaine ? Parce qu'il y a peut-être quelque part un coquillage qui me plaira ? Mais s'il fallait s'éloigner encore plus du bateau pour le trouver, ce fameux coquillage ?
Y'a des gens dans mon collège qui se sont suicidés, parce que la philo leur avait ouvert les yeux. Je regrette terriblement d'avoir eu cette lucidité. Je veux plus qu'on m'aide. J'ai pas envie de retourner me leurrer avec les autres dans la société en attendant de mourir.
J'ai l'impression que la vie c'est juste une drogue. Ça fait mourir. Ça rend addict. Et tout le monde trouve ça normal. Tout le monde trouve ça normal que dès qu'on naît, on est déjà dans une agonie très lente. Je ne me sens pas vraiment vivante. L'impression que rien n'existe, que rien n'a de sens.
Ça me fatigue de devoir faire semblant en permanence. Les gens me voient comme quelqu'un d'extraverti et d'enjoué mais c'est épuisant de devoir jouer ce rôle. Le prof de philo ne se rend même pas compte du zbeul qu'il crée dans mon cerveau. Je rigole avec mes potes, j'écoute pas ses cours, mais au fond ça fait naître en moi des réflexions dont j'aurais préféré ne jamais connaître l'existence.
Je sais pas vraiment de quoi j'ai besoin, de quoi j'ai envie. Mourir, peut-être, j'en sais trop rien. Je pense pas avoir besoin d'aide. Je me demande pourquoi les gens se fatiguent à vouloir aider les gens qui ne veulent plus de la vie. Si elle est choisie, la mort n'est pas difficile, ou moins, ou alors elle donne l'illusion de ne pas l'être. C'est un genre de sélection naturelle. On ne se fait plus bouffer par des chiens pesteux, alors on a d'autres problèmes. Les faibles succombent, les forts résistent.
Y'a une jolie métaphore que j'ai entendue, je ne sais plus de qui. Quand on est sur le toit d'un immeuble en flammes, y'a deux options. Sauter, et mourir vite. Rester, et mourir lentement. Dans tous les cas c'est dur. Là, l'incendie est dans ma tête. Le bord de l'immeuble, dans les lames de couteau, les lacets, les fenêtres trop hautes. J'aurai jamais les couilles de me tuer. Et les pompiers, me direz-vous ? Les pompiers ne me sauveront pas la vie. Ils ne feront que repousser ma mort. C'est pas ça que je veux. Pas besoin qu'on m'offre du temps de vie.
D'un autre côté, je me dis que si je ne me tue pas, je me dirai peut-être plus tard que j'ai bien fait, ou pas. Mais si je me tue, je ne pourrai pas le regretter.
Je crois que j'ai oublié, ou pas réussi à mettre des mots sur plein de choses.
Mais vous avez l'idée générale. Est-ce que quelqu'un pense comme moi ? Pourquoi je pense tout ça ?
Réponses
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Par Athéna_gnr (Fille / 2009 / Suisse, Vaud) le 3 octobre 2025 à 08:05
Coucou! Alors oui, dès fois je pense comme toi, et c'est vrai que ça fait mal, d'avoir toutes ces pensées en tête. Mais en même temps, tu ne peux pas non plus te dire que ta vie ne sert à rien, car il y des gens autour de toi qui tiennent à toi. Ta famille, tes amis, etc... Après, c'est vrai que la philo, ça fait trop réfléchir sur des sujets auxquels on aurait jamais pensés. Là je suis rentrée en 2eme année de gymnase et j'ai plus philo, mais jusqu'à l'année dernière, j'étais en France, et j'ai eu philo en seconde et en première. Et je t'avoue, je suis grave contente que ce soit fini. Mais t'inquiète, même si t'as l'impression que ta vie ne vaut pas la peine d'être vécue, au fond, ce n'est pas le cas. Et même si tu dis que tu ne veux plus être aidée, je pense quand-même que tu devrais en parler à quelqu'un, surtout si tu penses que tu risques de te mettre en danger.
Mais en tout cas ne t'inquiète pas, tu n'es pas la seule à avoir ce genre de pensées. :)
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