Chapitre 6 : Entre Douleur et Paix
PDV Lila
J’étais là, sous le porche, tentant désespérément de fermer l’œil malgré l’averse qui s’accrochait à mes pauvres vêtements comme une seconde peau. J’avais du mal à inspirer l’air terriblement froid. Des larmes se dessinèrent sur mon visage, semblant hurler à ma place la douleur que me procuraient mes poumons ; le froid tranchant traversait mon œsophage telle une lame trop bien aiguisée.
Au bout de quelques instants, mon corps me lâcha, me laissant sombrer dans un sommeil forcé… étonnamment calme.
Quelques heures plus tard, je sursautai à l’écoute d’une voix trop familière :
— Lève-toi et va travailler ! hurla-t-il à plein poumon.
Son air sévère et sans pitié fit raidir mon corps. J’échappai de justesse à la main qui s’abattit sur la caisse m’ayant servi d’oreiller durant la nuit. Un cri de douleur vint troubler le paisible silence de l’aube :
— Oh, j’te raconte pas si je t’attrape ! Reviens ici !
Ne dis pas de bêtises, Papa, tu ne me racontes jamais rien…
Des images d’enfants se jetant dans les bras de leurs parents à la fin des cours défilaient dans ma tête, m’arrêtant net dans ma course.
Pourquoi moi ?
Je sentis alors des mains s’enrouler autour de moi, me privant de tout mouvement.
— Mais où vas-tu comme ça, chérie ? Ton père t’a bien dit de ne pas bouger, me souffla une voix atrocement familière, ornée de souvenirs atrocement douloureux.
Je devinai son expression horrible, celle qu’elle avait à chaque fois que je me faisais battre par sa faute.
Il esquissa un sourire espiègle, se retourna et se dirigea vers moi à grands pas. Mon regard se figea, mon souffle s’arrêta, mes membres tremblaient violemment. Je souhaitais intérieurement pouvoir rejoindre ma mère, pouvoir ressentir son étreinte, son doux parfum et son sourire malgré ce qu’elle endurait chaque jour.
Une fois face à moi, il leva la main en l’air, ses yeux brillants de plaisir, inspira comme pour prendre son élan et, les yeux écarquillés, je vis sa main s’abattre sur mon visage sans aucune once d’hésitation.
***********
— Lila ! Lila, tu m’entends ? Tout va bien, calme-toi, bon sang !
Je fronçai les sourcils, émettant un léger gémissement en signe de protestation. Je reconnaissais cette voix, mais elle était d’une telle intensité que je daignai ouvrir les yeux.
C’est alors qu’une main se posa sur mon front. Ma respiration ralentit aussitôt et une vague de chaleur me parcourut, m’offrant un sentiment de sécurité.
— Ça va aller…, me souffla une voix masculine, douce et rassurante.
Un silence apaisant s’instaura dans la pièce, ce qui me détendit à mon tour. Je me rendis compte à quel point ma mâchoire et mon corps étaient crispés. Mes yeux commencèrent à s’entrouvrir et je vis une silhouette se jeter sur moi.
— Putain, Lila ! Tu m’as fait peur, bordel…
Je restai un moment silencieuse, scrutant le plafond d’un regard vide, mais soulagé. Son étreinte m’avait manqué.
— Tu devrais la remercier, ta copine en a bavé, dit une voix féminine nettement plus âgée.
Carolyn se dégagea de moi juste assez pour pouvoir faire face à la femme :
— C’est plutôt vous qu’on doit remercier… Désolée pour tout à l’heure, c’était pas vo…
— Volontaire, on sait, t’inquiète. De toute façon… c’est mon amie, je ne l’aurais pas laissée comme ça sans rien faire…
Attends… Eden ? Mais qu’est-ce qu’il fait là ?
Je me tournai vers Carolyn, qui semblait déjà guetter ma réaction. Son doux regard n’empêcha pas ma question :
— Tu… tu peux m’expliquer ?
— Plus tard. Pour l’instant, il faut que tu te reposes…, lança-t-elle en jetant un coup d’œil aux deux frangins.
— Carolyn a raison, ajouta la plus âgée. T’es crevée, faut que tu reprennes des forces.
Sur ces mots, Ambre et Carolyn se levèrent. Eden voulut les suivre, mais Ambre lui barra le passage.
— Mais—
— Toi, tu restes t’occuper d’elle. On prépare le dîner.
Sans lui laisser le temps de protester, elle entraîna Carolyn hors de la chambre et claqua la porte.
— Je rêve ou elles se connaissent ?
— Elles sont potes apparemment, souffla-t-il sans se retourner.
Potes ? Mais depuis quand ?
— Mais… Carolyn ne m’a rien dit…
Il détourna lentement son regard de la porte pour le poser sur moi.
— J’en sais rien, souffla-t-il en soupirant, puis il s’assit doucement sur le lit.
Un étrange silence s’installa dans la pièce. Il était dos à moi, mais je pouvais deviner son regard vide et ses pensées vagabondes. Bizarrement, ce silence n’était pas lourd. Il ne me mettait pas mal à l’aise. Il y avait une sorte de… paix.
Soudain, il se retourna vers moi, les yeux brillants d’émotions que je ne pouvais cerner.
— Le gars de l’autre fois, Kay… c’est ton mec ?
La franchise et la pureté de ses paroles me laissèrent sans voix. Un frisson me parcourut le corps alors que j’assimilais le sens de ses mots. Ses yeux me fixaient intensément, avides de réponse.
Il voulait donc à ce point savoir qui était Kay ?
Il détourna son regard du mien, visiblement déstabilisé par son propre acte.
— Désolé… J’aurais pas dû. C’est pas mes affaires…
Sans réfléchir, j’attrapai la manche de son pull ; je n’avais nulle envie de lâcher la corde invisible qui nous reliait. Plus important encore : je ne savais pas pourquoi.
Réponses
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Par juste_une_meuf3 (Fille / 2011 / Bénin) le 25 décembre 2025 à 16:19
Bravo,bravo, magnifique
J'attendrai la suite ^^
Continue comme ça et bonne chance pour la suite.❤️ 1 -
Par Nodogy_girl (Fille / 2010 / France) le 25 décembre 2025 à 21:02
En réponse à juste_une_meuf3 Bravo,bravo, magnifique J'attendrai la suite ^^ Continue comme ça et bonne chance pour la suite.
Merci à toi ! ^^
❤️ 1
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