Chapitre 16 : Les larmes de Mika

***PDV Jennie :
Je viens de remettre Mika chez Lisa. Elle s'est enfin décidée à rentrer chez elle après trois jours passés dans ce foutu love hôtel.
Je fonce chez Rosé, elle me manque pas mal, et puis, je l'ai laissée assez longtemps toute seule comme ça...

Une fois arrivée, j'ouvris la porte et vis Rosé à l'envers sur le canapé, en train de crier :
— VA TE FAIRE. VA TE FAIRE. VA TE FAIRE. VA TE FAIRE.
— Euh, c'est une nouvelle méthode de méditation ?
— UNE THÉRAPIE MÊME.
Je m'avançai et m'assis à côté d'elle.
— Accouche.
— Quoi ?
— Bah parle, il s'est passé quoi ?
Elle sourit puis me lança :
— L'autre idiot m'a envoyé un DM et m'a demandé si j'étais dispo ce soir. Et d'abord, comment il sait que j'ai vu la série hein ? Il a piraté Netflix pour savoir qui regarde ses dramas ? On embauche des hackers pour pécho maintenant ?? Nan mais j’te jure...
— T’as fini ?
— Hein ?
— Lui c’est bien joli, mais c’est qui dont tu parles ?
— Bah de V. Des BTS.

Ah... je vois... je comprends mieux maintenant.

— Si tu acceptes, j’te b*ise, lançai-je, un sourire aux lèvres.
— Tu l’as déjà fait plein de fois, tu sais, dit-elle, l’air désintéressée.
Mon sourire s’agrandit.
— Tu sais que je suis venue à une vitesse folle juste pour te voir ?
— Charmant.
— Réponds-lui que t’es occupée toute la semaine, comme ça il te dérangera plus.
— Mohhh, madame a peur que mon cœur s’envole, quelle scène émouvante...
— Ta gueule.
— J’en ai presque les larmes aux yeux...
— Tu veux mourir ?
— Comme c’est touchant, Jennie, la fille au cœur en pierre est jalouse pour m…

Trop tard, je m’étais déjà jetée sur elle et plaquée contre le canapé.
— Tu disais ?
— Que tu sentais trop bon aujourd’hui... dit-elle, un sourire au coin.
— Tu veux vraiment mourir, ce soir.
— Tu crois ?
— Une dernière volonté ?
— Oui, que tu me lâches.

Je lâchai un petit rire intérieur avant de mettre ma tête sur la poitrine de Rosé. Je sentais les battements de son cœur s’accélérer au fur et à mesure que je passais mes mains sur ses hanches...
Je sais qu’elle a toujours été à moitié d’accord sur notre relation, car elle ne venait pas du cœur, c’était juste physique, rien de plus. Mais je trouve ça plutôt amusant de la déranger de temps en temps.
Je déplaçai ma tête entre la sienne et son épaule droite, oui, dans ce creux, puis je soufflai doucement dans son oreille.
— Bouge...
— Tiens, pourquoi t’es toute rouge d’un coup ? lui chuchotai-je à l’oreille.
— Arrête... Tu le sais très bien... dit-elle d’une voix faible.
— Je ne sais rien.
— Jennie... tu sais bien que...
Elle émit un petit gémissement intérieur que je ressentis avant de continuer.
— Que... mes oreilles sont très sensibles... tu le sais... dit-elle, toujours d’une voix basse et faible.

Cela me fit sortir un petit rire qu’elle entendit probablement.
— C’est bon... t’as gagné...

***PDV Lisa :
Cela fait pratiquement 15 minutes que Mika ne m’a adressé aucune parole.
Nous étions à table, devant elle son plat préféré : des nouilles toutes chaudes, mais elle n’en goûta pas une seule. Elle était juste là, pensive, comme si quelque chose la tracassait...
— T’as pas faim ?
— Non, désolée...
Je me levai de table et me dirigeai vers elle. Je m’accroupis au niveau de sa chaise avant de dire :
— Tu pourrais au moins me dire ce qui te ronge comme ça ?
Elle leva les yeux vers moi, et semblait confuse.
— Je... on peut en parler dans la chambre... ?

Je fis un oui de la tête, me levai, pris sa main et me dirigeai vers la chambre.
Je m’installai et lui fis signe de s’asseoir. Elle vint se mettre entre mes jambes... J’imagine que ça lui est égal.
Elle voulait dire quelque chose, je le sentais, donc je restais silencieuse.

— Tu sais...
Je coupai mon souffle, la bouche à moitié ouverte. Elle se retourna vers moi :
— Tu sais que demain c’est mon anniversaire !

Hein ? Son anniversaire ? Elle se rappelle de sa date d’anniversaire ? Mais, où est le rapport avec...

Avant que j’aie pu achever cette pensée, elle se redressa légèrement et posa ses lèvres sur les miennes.
Elle avait attrapé l’extrémité de mon haut de pyjama avec ses mains et semblait comme contrariée.

Quand enfin elle se dégagea de moi, je la vis en larmes, ce qu’elle remarqua juste après moi, et se blottit contre ma poitrine.
Je ne disais rien. J’étais juste là, silencieuse, à passer ma main sur sa tête.
Nous restâmes comme ça longtemps.
Trop longtemps.