Chapitre 1 : Les origines...Ou presque.

PDV Lila

À moitié endormie, le visage enfoncé dans mon oreiller, j’en avais plus que marre de rester au lit. Mais je n’osais pas me lever, de peur de repenser aux événements d’hier… Je sentis les petites pattes de Noisette s’accrocher à mes cheveux, puis les tirer vigoureusement. Je gémis de douleur, me redressant légèrement pour pouvoir contempler, pour la énième fois, le doux pelage blanc de ma princesse.

Je remarquai soudain des traces d’eye-liner et de fond de teint sur ma couverture blanche… J’étais tellement fatiguée que j’avais oublié de me démaquiller avant de dormir… Bordel, il va falloir tout nettoyer…

Je me laissai tomber sur mon lit une seconde fois, scrutant le plafond d’un regard vide, quand je sentis mon téléphone vibrer. Noisette sursauta de surprise et atterrit directement sur mon visage, ce qui me surprit à mon tour. Je me débattis, essayant d’écarter ses griffes de ma figure, quand elle griffa brusquement mon front. Je poussai un cri de douleur et me retournai lorsque je réalisai que je m’étais enroulée dans ma couverture. En essayant de me débattre, je franchis les limites du lit et tombai par terre, provoquant un énorme BOUM dans la pièce.

— Aïe… mon dos…

Je lançai un regard noir à ma chatte, qui me tourna le dos en signe de nonchalance, puis quitta le lit. Après quelques secondes de galère, je réussis enfin à me libérer de ma couette et attrapai mon téléphone, qui vibrait encore… Aucun doute, c’était elle, la seule personne qui avait assez de patience pour attendre que je décroche après tout ce temps.

— All…

— Bordel, Lila, j’ai cru qu’il t’avait tuée ! Pourquoi tu réponds pas, putain ?!

Je levai les yeux au ciel.

— Disons que Noisette s’est amusée à me rendre folle…

Elle se tut un instant, puis éclata de rire.

— Elle t’a refait le coup de la couette ? dit-elle ironiquement.

— Elle est juste pas encore habituée au vibreur de mon téléphone… Et puis, pourquoi tu m’as appelée d’abord ?

— On ne s’est pas parlées hier, du coup je voulais me rassurer vu le monstre avec qui tu crèches…

Je voulus le défendre, mais les événements de la veille m’arrêtèrent net, instaurant un lourd silence dans l’appel.

— Allô ? Tu m’écoutes ?

— Oui, oui…

— Attends… je rêve ou tu m’as laissée faire ?

— Hein ? Mais de quoi…

— Te fous pas de ma gueule, Lila, si tu défends pas ton mec, c’est que tu vas pas bien.

Je hais ses déductions débiles, et le pire, c’est que la plupart du temps, elle a raison. Et comment dire… c’est assez embêtant.

— Bon, accouche, il s’est passé quoi hier soir ?

— Eh ! Comment tu sais que c’est hier soir ?

— Eh bien… comme tu le sais, un magicien ne dévoile jamais s…

— Oui, oui, je sais, pas besoin de répéter à chaque fois.

— Parfait, maintenant, crache le morceau.

Je pris une grande inspiration. Décidément, ce ne sera pas une partie de plaisir…

— Ben, on est partis faire quelques courses et il est resté fumer devant l’entrée…

— OK, il t’a laissée y aller seule, et puis ?

— Non… enfin oui… bref…

Je l’entendis soupirer, probablement en levant les yeux au ciel comme elle sait si bien le faire. J’entrepris donc de poursuivre ma narration.

— J’étais en train de choisir ce que j’allais prendre et...j’ai bousculé un mec…

Elle resta silencieuse, attendant la suite. Je déglutis et me forçai à continuer malgré la tension.

— Et… tu me connais… je m’attendais à une réaction violente, mais il a été très gentil et s’est excusé à ma place… enfin, c’est à moi de le faire… tu sais, je l’ai bousculé et…

— Continue, lança-t-elle sèchement.

— …Et j’ai rejoint Kay après avoir payé, j’avais pas vu le mec de la supérette me rattraper pour me donner un article que j’avais oublié… mais Kay s’est énervé d’un coup au même moment et…

— Et il t’a cognée devant le mec, puis le mec a voulu te défendre et ça a fini en bagarre, c’est ça ?

— Oui…

Je l’entendis souffler un “putain…” et mon cœur se serra.

— T’en fais pas… J’ai supplié le mec de s’en aller et il est parti…

— Parti ? Après tout ça ?

— Bah oui, qu’est-ce qu’il aurait fait, sinon ?

Je m’efforçais de paraître la plus crédible possible, en la suppliant intérieurement de ne pas dire que ça avait l’air bizarre.

— Bizarre, ton truc.

Putain…

— Bref, on s’en fout du mec. Il t’a pas fait trop mal, au moins ?

— Non, non, t’en fais pas pour ça…

Elle resta silencieuse un instant, comme essayant d’assimiler tous ces événements.

Je n'avais nul envie de lui raconter la suite, comment dire... ce serait un peu gênant. Je voulus alors ajouter quelque chose pour rompre ce silence pesant, mais un bruit de pas se fit entendre… Merde, c’est Kay.