Question (Fille / 2003)

Mon frère me frappait


Bonjour, quand nous étions enfants ma sœur qui était très proche de mon frère s’est retrouvée malade et à l’hôpital. Il avait 7 ans a l’époque et je n’en avais 2. De ce que m’ont dit mes parents il l’a très mal vécu, pleurait tous les jours, a du voir plusieurs pédopsychiatres etc. Peut être que je me trompe mais je pense qu’il a retourné cette tristesse en colère envers moi.

Lorsque j’avais environ 6 ans mon frère était mon modèle car mes parents ne s’occupaient pas vraiment de moi et que lui voulait bien jouer avec moi. J’étais si heureuse quand on jouait ensemble. Mais souvent je faisais quelque chose qu’il ne lui plaisait pas alors il me frappait. Comme je l’aimais beaucoup je ne rendais jamais les coups. Il me faisait tomber parterre et me rouait de coups sur les bras, me giflait, une fois il m’a étranglée. Puis parfois ils faisait des choses que je dirais juste par plaisir, il me mettait par terre et me crachait sur le visage, il me serrait dans une couverture et s’asseyait sur moi. J’avais beau crier il ne me lâchait pas. Il disait que j’étais grosse alors que j’étais mince, mais même si je disais que ce n’était pas vrai au fond de moi j’y croyais. M’inventait des chansons où il disait que je puais. Mes parents ne m’aidaient jamais car il s’arrangeait à le faire quand ils n’étaient pas là. Ma mère était là lorsque qu’il m’a étranglée elle lui a dit de ne pas faire ce genre de choses. Mais il continuait quand même à me frapper. Autrement je ne le disais pas à mes parents. On se disputait souvent aussi a table et j’étais très sensible alors je pleurais souvent, il me traitait de bébé et mes parents ne disaient rien.

Lorsque j’ai grandi j’ai commencé à me défendre voire à rendre les coups donc il me frappait de moins en moins. Mais quasi systématiquement lorsque mes parents n’étaient pas là, on rigolait bien et à un moment ou a un autre je me faisais insulter ou me retrouvais à courir pour m’enfermer dans la salle de bain pour qu’il ne m’attrape pas.

Quand j’avais environ 15 ans j’étais dans une très mauvaise passe de ma vie et il avait été mis au courant que j’avais des idées suicidaires. Cela ne l’a pas empêché de me sortir un jour : « vas te pendre » devant mes parents qui n’ont pas réagi. J’ai demandé leur intervention mais mon père faisait semblant de ne rien entendre et ma mère lui a dit de ne pas dire ça. Je lui en ai voulu mais il trouvait la situation plutôt amusante et ne s’est jamais excusé. Plus tard il m’a dit « il faudrait qu’un médecin te mette dans le coma » ou encore « faut pas t’étonner si personne t’aime » si je pleurais il disait « ouin ouin, c’est ça vas chialer dans ta chambre » et je l’entendais depuis l’étage crier des « ouin ouin » ce qui faisait presque rire ma mère. Ce qui me faisais le plus de mal c’était que mes parents ne réagissaient presque pas et que mon père minimisait même la situation en disant « c’est peut être ce que les jeunes se disent entre eux. »récemment je me suis fait gifler pour rien, il m’avait pris violemment le bras m’a emmené dans une chambre et m’a giflé, puis il a faillit m’enfermer dans la pièce mais j’ai réussi à sortir. J’ai été vers mes parents. Mes parents ont réagi de la même manière que d’habitude : ma mère disant qu’il ne faut pas faire ça et mon père ne disant rien. Jamais ils ne lui ont dit de s’excuser.

J’ai tout raconté à ma mère récemment lui disant des choses qu’il m’a faite dont elle n’avait pas conscience. Elle a dit que quoi qu’ils disent ça ne changerait rien, que c’etait mon frère et que devais continuer à lui parler, alors elle le laisse encore mal me parler.

J’écris ce message car je suis partagée entre ne plus vouloir lui parler car ça m’a fait du mal et toujours aujourd’hui car souvent ça remonte à la surface, mais de l’autre côté je me dis que ça aurait pu être pire. Je ne me sens pas légitime à sentir ça. Je ne sais pas quoi faire s’il y a vraiment quelque chose à faire. Pardon pour la longueur du message.

Réponse

Ce que tu as vécu est terrible et grave.

C’est de la violence physique et de la violence psychologique, tu as subi une grande maltraitance, à la fois de la part de ton frère qui l’a produite contre toi et à la fois de la part de tes parents qui ne t’ont pas protégée.

Il n’y a pas à t’excuser de la longueur de ton message, il est probablement très court par rapport à tout ce que tu as subi.

Écrire permet d’en faire sortir une partie de toi-même, de mettre des mots sur ces choses tellement douloureuses que tu as vécues et qu’elles arrivent aux oreilles d’une personne qui entende leur gravité.

Nous comprenons l’ambivalence des sentiments que tu éprouves, d’une part parce que tes parents t’ont dit que c’était ton frère et probablement parce que tu l’aimes malgré tout. Mais ce que tu as vécu n’est pas du tout normal.

Il est urgent que tu te protèges, que tu prennes soin de toi et que tu te répares.

La prochaine fois que ton frère commet un acte de violence physique ou psychologique envers toi, tu as la possibilité de lui dire que tu vas déposer plainte sil n’arrête pas. Tu subis de la violence et la loi existe pour protéger les victimes comme celle que tu es.

La loi interdit la violence physique et psychologique.

Il est donc possible pour toi de porter plainte, si tu le souhaites.

Nous t’encourageons par ailleurs à consulter des professionnel.les psy pour t’occuper de ton estime de toi-même. 

Nous te mettons en lien l’adresse du centre LAVI de ton canton. Tu pourras bénéficier de conseils, de soutien et de suivi psychologique de manière gratuite.

Nous t’encourageons également à suivre des cours d’autodéfense, de manière à ce que tu puisses réagir physiquement si cela devait se reproduire.

Courage, nous restons à ton écoute !

À bientôt sur ciao,

 


Centre LAVI (SEJ) - CIAO
Dernière modification le 6 avril 2021

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