Question (Fille / 2004)

Bonjour,
Il y a deux ans, j'ai fais une dépression assez sévère, elle a durée jusqu'à l'été 2020 environ. Depuis quelques mois, j'avais la sensation d'aller mieux car je ne pensais plus au suicide, de manière générale je pensais à mon avenir. Ma dépression a surtout été causé par ma situation familial complexe (père méprisant, rabaissant...) en soit la situation n'a pas beaucoup bougée mais j'ai commencé mes études donc je suis beaucoup moins en contact avec ma famille (uniquement le soir).

Bref, je pensais être sortie de cette dépression mais en novembre dernier, j'ai complétement "rechuté" pratiquement du jour au lendemain, sans qu'il y ait vraiment eu un évènement plus traumatisant qu'un autre. Par rechute j'entends que je suis allé bourré en cours, que j'ai recommencé à me mutiler et que je recommence à avoir les mêmes sensations que ces deux dernières années.

Du coup je me pose plusieurs questions : est-ce que je suis réellement sortie de la dépression ou est-ce que j'ai eu seulement quelques mois de répit ou la dépression était moins présente mais toujours là ?

Ce qui rend la réponse à cette question compliqué à trouver et qu'avant je savais parfaitement pourquoi j'allais mal, qui me faisait mal. Alors que là, je suis perdue, je ne comprends pas vraiment pourquoi je vais mal et surtout quelque chose me perturbe. Je me suis rendue compte petit à petit que j'avais besoin d'être triste.
Je m'explique : quand je suis triste, que je me mutile, que je pleure... évidemment je ne vais pas bien mais d'une certaine manière je m'y sens comme chez moi, comme si j'étais habitué à cette souffrance et à sa présence et que si elle venait à disparaître je ne serais plus rien, que je serais complétement perdue, plus dans ma propre vie.

Je sais que c'est étrange et j'essaie du mieux que je peux d'expliquer ce que je ressens. D'une certaine façon, je ressens un peu de "bonheur" dans cette souffrance.
Je ne sais pas quoi faire

Bonne journée

Réponse

Ta question est très claire et tu expliques très bien les choses. Ceci et comment tu décris ton état intérieur montre que tu as une excellente capacité d'introspection, une grande sensibilité et une intelligence des phénomènes de l'âme humaine.

Nous sentons également ta souffrance, et il n'est pas question de faire comme si elle n'était pas là par ce que tu as par ailleurs cette chance de pouvoir te comprendre aussi bien.

Tu décris que les chemins de la vie ne sont pas tout droit et ne vont pas tout de suite au sommet !

Quand on se sent à nouveau moins bien après une difficulté, ce n'est pas forcément une rechute. D'ailleurs, le fait que tu nous écrives et que tu repères qu'il y a un certain confort à reprendre les anciennes habitudes le prouve.

C'est comme si c'était une descente, que tu repères, mais qui ne va pas aussi bas, qui ne va pas durer aussi longtemps, par ce qu'elle te permet de voir le processus de ce qu'il se passe en toi.

La suite est, qu'avec cette compréhension tu vas pouvoir remonter plus haut et plus rapidement. Et y rester plus longtemps.

Ceci ne signifie pas obligatoirement que c'est facile d'ailleurs. Parfois oui, parfois non.

Tu constates qu'en retournant dans ta souffrance, il y a comme un gout de te sentir chez toi, de te reconnaître et une peur d’abandonner cette partie de toi. Et en même temps tu as expérimenté autre chose, où tu étais bien, où tu n'avais plus besoin de la souffrance, de la mutilation, de la tristesse et des pleurs. Tu y étais bien et tu as aussi peur de ne plus t'y retrouver.

Par conséquent, à présent il s'agit de laisser prendre à cette partie de toi, qui sait être bien, les choses en mains !

Quand tu vois arriver tes anciennes compagnes : souffrance et mutilation, reconnais les : "ah, c'est encore vous !" et chasse-les "il n'y a plus de place pour vous ici ! Du balai, partez, je vous ai assez vues, je n'ai plus besoin de vous"

Tu te parles à toi-même en quelque sorte, et quand des pensées noires reviennent, des pensées qui te font du mal, tu les mets dans la poubelle des pensées.

Essaye ! Tu verras, ça marche très bien. Tu fais le ménage dans ta tête et tu ne gardes que les pensées qui te font du bien. Au début il faut faire le ménage souvent, puis il se fait de plus en plus tout seul, mais il faut quand même s'y remettre régulièrement.

Et si tu as besoin d'aide, nous sommes là. Ou tu peux aussi aller consulter un.e psy pour un petit coup de pouce momentané.

 Courage et à bientôt sur ciao

Dernière modification le 6 janvier 2021

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