Question (Garçon / 2002)

Bonjour, je voudrais savoir si juridiquement parlant, il est possible pour un garçon/homme d'être violé (par attouchement etc) ? Car je me souviens avoir entendu: "un garçon ne peux pas être violé au yeux de la loi."
Est-ce vrai ? Si oui pourquoi ?
Que faire si on crois que c'est de notre fautes (par exemple à cause de l'alcool ou si la personne agressée n'a pas refusé) ?
Et encore... comment ne plus y pensé sans arrêt ?
Pourquoi en se sent seul, même avec des amis ou de la famille autour de nous ?

Réponse

En effet. A l'heure actuelle, la loi suisse a une définition très étroite du viol. Il ne peut être commis que sur une femme et il doit y avoir une pénétration vaginale. Cette définition ne tient donc pas compte des victimes de sexe masculin, ni d'autres pratiques sexuelles, telles qu'une fellation ou une pénétration anale par exemple. On parlera alors de contraintes sexuelles. 

Pourquoi? Parce que c'est une vision archaïque (elle date de 1942). Et cette vision pose problème. Contrairement au viol, la contrainte sexuelle n'a pas de peine minimale. On considère donc que le préjudice d'une contrainte sexuelle est moindre que celui d'un viol. Ce qui n'est pas forcément le cas. 

La notion juridique de viol ne doit pas dépendre du genre de la victime, ni de l'auteur. Et toutes les situations d'agression sexuelle doivent pouvoir être prises en compte, y compris les attouchements. D'autres pays, comme la Grande-Bretagne ou la France, ont ces dernières années adapté leur loi en ce sens.

Il y a également un autre manque dans la définition du viol de la loi suisse. La notion de consentement n'y est pas présente. Tu parles dans ta question d'un sentiment de culpabilité à cause de l'alcool ou le fait de ne pas avoir dit non. S'il n'y a pas de consentement libre et éclairé, on est (sauf selon la loi suisse) dans une situation de viol. Cela implique que la personne ne doit pas se sentir menacée physiquement ou psychologiquement (libre), et qu'elle doit pouvoir dire clairement oui (éclairé). Donc, si elle dort, si elle est inconsciente ou si elle est sous l'effet de l'alcool ou d'autres produits psychotropes, il n'y a pas de consentement. Sans consentement, il y a violence sexuelle.

Tu demandes comment ne plus y penser. Il n'y a pas de solution toute faite. Avoir vécu une agression sexuelle ne s'oublie pas. Mais on peut vivre avec et, jour après jour, aller mieux et y penser de moins en moins. C'est le processus de guérison. Pour cela, il faut se faire aider. Seul, c'est très dur de s'en sortir. Une première étape pourrait être de se rendre dans une consultation de santé sexuelle. Y déposer son histoire. Les entretiens avec un-e conseiller-ère en santé sexuelle sont gratuits et confidentiels. Un-e conseiller-ère écoute la personne sans jugement. Et peut regarder avec elle quelles sont les pistes qui font sens à la personne pour aller mieux. 

Le sentiment de solitude que tu décris peut s'expliquer par le fait de porter un lourd secret, qui prend beaucoup de place. On ne veut pas en parler (par honte, par culpabilité, par peur du jugement, etc.) et c'est cela qui isole la personne. Pourtant, la blessure, même si les autres ne la voient pas, est bien présente. Les échanges avec les autres sont donc altérés et n'ont plus le même impact. Il est donc important de briser ce sentiment de solitude et de mettre des mots sur ce que l'on a vécu. Parler à un-e ami-e de confiance ou un-e professionnel-le est une solution qui permettra de faire le premier pas vers la guérison. 

Nous te souhaitons le meilleur.

Dernière modification le 1 juillet 2020

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