Besoin de poser des mots sur ce que j’ai vécu, dont j’ai été victime.
25 mai 2019
Question (Fille / 2002)
Bonjour, j'aimerai juste être un peu éclairée sur un point de ma vie...
Il y a 1 an et demi, j'ai découvert que je subissais des choses par mon "père" depuis 11 ans, sans le savoir(c'est ma mère qui me l'a dit après la plainte échouée), sûrement car j'étais habituée depuis le plus jeune âge et que je ne me rendais pas compte que c'était anormal... (à savoir que mes parents sont séparés depuis ce temps, donc j'allais chez lui le dimanche, nous étions souvent seuls à la fin)
Je vais vous décrire un peu tout ce dont je peux me souvenir, car oui j'ai une partie de mon passé qui est totalement vide dans ma mémoire (et ça me fait très peur de ne pas me souvenir) et j'aimerai savoir par la suite quel terme peut être posé sur ce genre de chose :
- Pendant une journée précise (grâce à cette journée j'ai pu le denoncer à une prof de confiance quelques mois après) déja il m'a "payé" mon silence je crois et il m'a mit en tete des choses négatives pour que je sois vulnérable, bref, on allait à la piscine (45min de route) il me caressait la cuisse tout le long, tout le temps, à la piscine, il m'a forcé 3 fois de suite à l'embrasser en prenant mon visage dans ses mains, la 3eme fois il a réussi. Quelque minutes après, comme j'ai du mal à nager, il a voulu que je me mette autour de lui, et là, il m'a mit exprès mes parties intimes collées aux siennes(je me souviens encore de la sensation), je me suis enlevée, choquée.. Ensuite on est reparti, 45min de route, toujours à me caresser, là j'essayais de le repousser en mettant mon telephone sur ma cuisse, il le poussait, encore et encore, au final j'ai abandonné et j'étais comme paralysée...
-Une fois il m'a tapé délibérément les fesses en public, j'etais si génée...
-Dans les restaurants en famille, il se mettait à cote de moi expres pour pouvoir me caresser les jambes
-J'ai pleins d'autres anecdotes ainsi, mais je prefere ne pas tout raconter, ce serait trop long et j'ai raconté les choses les plus marquantes.
Suite à la denonciation, je devais porter plainte mais j'ai pas reussi, car mon géniteur, je l'aimais comme une petite fille à son père ...Depuis l'affaire est classée mais je peux la reprendre quand je veux.
J'aimerai juste savoir si cela s'apparente à des attouchements, de l'inceste, ou bien si cela peut s'apparenter à un viol comme une personne m'a dit vu qu'il est mon ascendant direct...
J'ai juste besoin de poser un mot là dessus... et me faire reconnaitre comme victime de cela pour enfin ne plus vivre dans la peur de le croiser chaque jour depuis 1 an et demi (aucun contact meme par message, je refuse toutes ces demandes) vu qu'il habite à même pas 10min de moi...
Merci d'avoir eu le courage de lire ce gros pavé résumant un peu la petite vie d'une fillette de 16 ans...
Réponse
Les attouchements que tu as vécus de la part de ton père ont été dénoncés, car tu as pu t'en plaindre à des personnes de confiance.
Tu n'as cependant pas pu te résoudre à porter plainte, comme tu l'expliques, et tu n'as pas à t'en justifier. La situation est en effet délicate comme tu l’expliques bien, car elle oppose notamment ton affection pour ton père, un lien filial dont on ne peut pas se débarrasser facilement, d'une part, et un besoin de justice bien compréhensible, d'autre part.
Il te semble que poser des mots sur ce que tu as vécu, pourrait désormais t'aider à te faire reconnaître comme victime afin de ne plus avoir peur de croiser ton père, chez qui tu ne vas plus, mais qui n'habite pas loin de chez toi. Nous ajoutons que cela l'obligerait aussi à cesser de t'envoyer des messages: tu n'y réponds pas, c'est bien, mais il ne devrait plus avoir le droit de t'importuner.
En effet, si les actes de ton père ne caractérisent pas un viol (pénétration sexuelle forcée), selon ta description, ils constituent des abus sexuels envers une mineure, à caractère incestueux, en l'occurence par des attouchements et du harcèlement (puisque cela a duré).
Il nous semble que cela t'aiderait grandement d'en parler, mais avec des spécialistes, bien sûr. Si tu n'as pas ou plus de psychologue dédié au suivi de cette affaire, tu peux par exemple consulter le lien suivant: https://stop-violences-femmes.gouv.fr/Les-numeros-d-ecoute-d,399.html où tu trouveras notamment le numéro de téléphone national 3919 pour des informations sur les violences sexuelles. Tu y trouveras aussi l'adresse d'associations 'près de chez vous' pour en parler de vive voix et recevoir un soutien direct.
Tu as choisi la bonne voie, celle de la reconnaissance de ton statut de victime dans cette histoire, il te reste à (re)trouver un accompagnement professionnel car tu en as besoin.
Pour t'y aider, nous restons à ton écoute.
A bientôt sur CIAO !
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