Question (Fille / 2003)

Bonjour,

Il y a un peu plus d’un mois, j’ai appris que j’etais enceinte avec un test positif.
Je n’ai que 16 ans, je sais c’est très tôt mais j’ai toujours été contre l’avortement donc il était clair que j’allais le garder.

3 semaines plus tard je décide d’en refaire un, il était négatif. Très déçu, je l’aimais déjà ce petit bout de moi. Mais bon, je relativise et me dis que c’est peut être mieux comme ça, pour lui.
J’ai eu mes règles, il y a 6 jours mais bien trop et trop douloureux pour que ça ne soit que des règles.
Direction l’hôpital: fausse couche.

Les seules amies au courant m’ont dis: « au moins tu n’es plus enceinte, tu dois être soulagée ». Et bien non, je suis pas soulagée au contraire, si je n’avais pas voulu garder ce bébé j’aurais préférée ne pas le garder par choix et avorter mais pas dans ces conditions, pas comme ça sans même pouvoir dire ou faire quelque chose.

Je m’en veux terriblement de ne pas avoir été capable de garder mon bebe en vie.
J’ai l’impression que mon monde s’est effondré. Un bout de moi est mort avec ce petit être.
Je ne sais pas quoi faire.

La douleur est telle que j’ai recommencé à me mutiler (je ne l’avais plus fait depuis 3 ans). Je ne veux pas mourir, je suis juste triste, je sais pas comment accepter ça, j’y arrive pas.

J’ai pas envie qu’on me dise « tu n’as que 16 ans, c’est rien » ou des trucs du genre.
J’ai vu mon bébé mort, devant mes yeux, chez moi.
Alors oui, je n’ai que 16 ans mais vous n’imaginais même pas à quel point je l’aimais, a quel point ce que je ressens et horrible.

Réponse

Nous comprenons ta tristesse, nous voyons que tu avais beaucoup investi cet embryon ( à cette étape c'est encore un embryon) et que la fausse couche est un moment très difficile.

Même si cette expérience est extrêmement douloureuse, tu ne peux rien y faire. Tu n'y es pour rien, ce n'est pas toi qui n'a pas été capable de garder cette grossesse, c'est le contraire qui s'est passé.

Quand une fausse couche a lieu, c'est par ce que l'embryon n'était pas viable, souvent c'est ce qu'on appelle un œuf blanc et c'est une chose fréquente.

Lorsqu'une femme est enceinte il arrive souvent qu'elle surinvestisse le futur enfant qu'elle porte: elle l'imagine, s'imagine avec, imagine la vie avec ce futur enfant, elle développe des attentes, etc. 

C'est légitime et en même temps c'est aussi une manière de définir ce nouvel être humain. Or chaque enfant qui naît est déjà tel qu'il est ! Les parents ne peuvent pas y faire grand chose. C'est ainsi que la vie est faite. Déjà dans le ventre de la mère, si la grossesse est viable, l'embryon va se développer même si la mère ne veut pas, si la mère n'a pas assez à manger, peu importe, la grossesse va prendre tout ce qu'il faut dans le corps pour son développement, quitte à carencer la femme. C'est ainsi et on n'a aucun pouvoir là dessus.

De même, si la grossesse n'est pas viable par ce qu'il y a un problème de développement, elle s'arrête et on n'a aucun pouvoir là dessus non plus.

Ce que tu vis est dur, mais c'est une occasion d'apprendre des choses, sur toi et sur la vie.

Ta vie est précieuse, tu es issue d'un ovule et d'un spermatozoïde qui ont été viables et t'ont amenée là où tu es.

Tu t'es battue contre ces forces noires qui t'ont faite te scarifier et tu as gagné la première bataille. Il n'est pas question de baisser les bras à présent.

Prends soin de toi, prends soin de ton corps, fais des choses qui te font plaisir avec les gens que tu aimes et qui t'aiment et tu vas surmonter cette épreuve.

Nous avons une question aussi par rapport au garçon avec qui cette grossesse est arrivée, il nous semble absent de tes préoccupations, mais ces choses là se font à 2, depuis le début. Peut être pourrait-il aussi t'aider à surmonter cette traversée.

Nous restons à ton écoute.

A bientôt sur ciao,

Dernière modification le 20 février 2019

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